Voilà, inutile de lire le reste, vous avez la réponse à cette question.
Albane prétend que je ne sais pas m’arrêter, et que me laisser seul dans un rayon décorations de Noël est complètement irresponsable. Alors que j’arrête quand je veux.
La preuve, en juillet je n’y pense absolument pas.
J’ai toujours été fasciné par les décorations dans les téléfilms de Noël depuis que je suis adolescent, puisque je ne me souviens pas avoir vu ce genre de programmes télévisuels avant. D’ailleurs dans ce genre de films, ils ont toujours de quoi décorer un grand magasin, mais c’est bien rangé dans leur grenier dans des cartons même pas poussiéreux et ça suffit à peine pour leur maison il est vrai souvent comparable à un petit manoir.
Jamais on ne les verra ranger ces décorations, ni essayer de démêler des guirlandes bien entortillées. Je suppose qu’ils sont l’équivalent des gens qui sont capables de décortiquer des crevettes avec un couteau et une fourchette1.
Si j’aime particulièrement Noël, c’est parce que je suis un garçon optimiste et pas méchant, ce qui me classe régulièrement dans la catégorie trop souvent moquée des Bisounours. Et cette période est la seule où être un Bisounours est socialement acceptable parce que l’esprit de Noël est avant tout un gros mélange de guimauve, de bons sentiments et de petites clochettes qui carillonnent. En plus c’est l’occasion de retrouver un peu de cette naïveté qu’on avait étant enfant, et qu’on ne peut plus se permettre de conserver une fois adulte.
À Noël, chacun a ses traditions. Nous par exemple, on aime regarder des téléfilms de Noël avec des crottes en chocolat plein la bouche, blottis sous des plaids (de Noël bien sûr) alors que le poêle tourne à plein rendement, avec en prime le chat qui prend toute la place sur le canapé et des boissons chaudes. C’est finalement assez classique.
Mais certains en ont d’autres : nombre de grincheux profitent ainsi des périodes de fêtes pour signaler bruyamment (y compris sur les réseaux sociaux) que les fêtes c’est nul et que l’Esprit de Noël c’est à gerber. Et ils vont le signaler ainsi chaque année à cette période, transformant ainsi une critique compréhensible en tradition annuelle liée à Noël.
Autre tradition personnelle : ma ceinture abdominale a tendance à prendre du volume durant cette période sans qu’aucune explication scientifique ne puisse expliquer ce mystère. Pas le moindre petit indice, rien. Incompréhensible.
Noël, c’est aussi une bonne occasion d’aller braver les premiers gros froids hivernaux pour se balader dans les marchés de Noël, boire des trucs étranges comme du vin chaud, manger des gâteaux épicés, passer deux heures dans le froid, ne rien acheter d’autre que des trucs à grignoter sur le moment et finalement faire ses achats sur Amazon comme tout le monde.
Et parlons un peu de la bouffe : on peut manger d’excellents plats, tout en gras et en sucre, boire du bon alcool (avec modération parce qu’on conduit), entamer des débats enflammés sans que ça mène au pugilat puisque le plat suivant arrive et que ça clôt de fait l’épineuse question de qui de l’hippopotame ou de l’éléphant est le plus balèze.
Sans parler des calendriers de l’Avent, qu’on peut décliner à toutes les sauces avec des jouets, des bières, des chocolats, des sex-toys…
Bon c’est aussi une grosse fête commerciale, mais acheter des tonnes de cadeaux pour les offrir à ceux qu’on aime est quand même une belle façon d’assouvir ses pulsions de consommateur compulsif.
De toute façon vous pouvez toujours lutter, dire que Noël c’est qu’une fête commerciale et que tous ces bons sentiments sont aussi faux que la rumeur comme quoi je perds mes cheveux. Car il est une vérité irréfutable, en ces temps où on ne peut plus faire confiance à personne :
Noël est un virus.
Cette fête s’est incrustée dans le commerce, dans la religion, dans la télévision, dans la vie locale (quelle ville ne propose pas de marché de Noël aujourd’hui ?), dans la gastronomie, dans la longue liste des trucs qui énervent les gens blasés, dans les photos érotiques, dans Netflix, dans votre budget, partout ! Et elle revient chaque année avec plus de régularité qu’une épidémie de grippe ou de gastro. Même pendant la 1ère guerre mondiale, elle fut l’occasion de trêves entre soldats ennemis.
Et ce n’est pas Eva2 qui dira le contraire. Il y a 8 ans elle était comme vous, elle me regardait d’un air méprisant quand je commençais à m’enthousiasmer pour les fêtes à la fin du mois de novembre, elle ne décorait pas sa maison et elle ne faisait même pas de réveillon.
Cette année, elle a commencé à poser ses décorations de Noël AVANT le 1er décembre3…
Et je l’ai vu faire en vrai, c’est même à la portée de tout le monde à condition d’avoir un bon professeur et de faire des rappels de temps à autre. Je savais ainsi le faire, mais par manque de pratique, je n’y arrive plus. ↩
Ma meilleure amie, incapable de se freiner sur les cadeaux de Noël justement parce que ça justifie ses pulsions d’achat. ↩
Ce qui est carrément une hérésie. Les décorations de Noël ça se pose APRÈS le 1er décembre. On est pas des sauvages non plus. ↩
Avec l’automne s’en va l’ennemi de l’été1 : le moustique.
Le moustique a toujours été l’ennemi de l’homme. En fait c’est même l’ennemi de plein de bestioles, y compris pour ses prédateurs. Qui peut se vanter d’être une nuisance pour son prédateur ? (A part l’humain qui accompli le tour de force d’être sa propre nuisance et son propre prédateur)
Si j’avais eu un blog au XVIè siècle, voici le genre d’illustrations que j’aurais mis.
Aux balbutiements de la science, les scientifiques qui étaient surtout des découpeurs de cadavres découvrirent par hasard que seules les femelles nous piquaient. Ils mirent ça sur le fait que chez les humains ce sont plutôt les femmes qui sucent (je vous rappelle qu’à cette époque l’opinion de Christine Boutin prévalait largement en matière d’homosexualité), donc ça devait bien être pareil chez les moustiques. Il fut d’ailleurs décidé que le genre de cette bestiole serait féminin, on disait donc « une moustique », à l’instar de toutes les bestioles pénibles comme les mouches, les araignées, les contraventions, les taxes, la petite et la grande vérole.
Cette opinion fut une explication cohérente pendant quelques décennies, avant qu’un type plus futé et disposant de beaucoup de temps libre observe un peu mieux les moustiques et découvre coup sur coup que non seulement sa femme le trompait, mais qu’en plus les femelles moustiques pompaient le sang des gens non pas pour le simple plaisir de les embêter (quoique que pour une majorité de gens, cette question soit loin d’être tranchée encore à l’heure actuelle : quelqu’un quelque part doit bien avoir fait apparaître cette situation par simple plaisir sadique.) mais dans un but bien précis. William Kent, car tel était son nom, fit paraître dans un livre intitulé « Traité scientifique sur la femelle de différentes espèces » en 1765 ses conclusions :
Il est certain que le moustique femelle est une nuisance totale, à l’instar de ma femme. La femelle Culex prélève du sang chez les humains dans le but avéré d’affaiblir la race humaine et de permettre aux créatures de l’au-delà de pénétrer dans nos âmes pour nous posséder et régner sur notre monde. Il est probable que cette entreprise soit facilitée par certains agents infiltrés, dont ma femme fait sans le moindre doute partie.
Le destin de William Kent fut assez tragique, puisqu’il fut écrasé un beau jour de printemps par le chariot d’un honnête marchant dont le seul vice était de fricoter avec les femmes des autres. En mourant, il aurait eu le temps de dire : « Empêchez-là de pisser sur ma tombe ! Arrgllleubleubleureeeuuuh. ».
Le 19ème siècle ne fut pas très brillant en matière de science moustiquale. On peut néanmoins mentionner le Professeur Harold Parrish, éminent doyen de la Royal McDonald’s School, qui déclara en 1832 que les moustiques étaient une affaire sérieuse, et qu’on ne pouvait décemment pas traiter sérieusement une affaire au féminin. Il décida donc que le moustique aurait désormais un genre masculin d’une part, et qu’il serait bon pour son université d’ouvrir un service de restauration rapide d’autre part.
Le 20ème siècle fut en revanche un bon cru pour l’étude du moustique. On découvrit ainsi que contrairement aux idées salaces et sexistes en vigueur depuis 2 siècles que je vous ai exposées plus haut, Madame Moustique ne piquait que pour assurer un apport en protéines suffisant pour la ponte de ses œufs, et que sa nourriture principale était du nectar de fleur, à l’instar des mâles. Elle faisait ainsi ses courses en protéine pour ses rejetons. Cette découverte majeure fit trembler le monde scientifique dans son ensemble, au point que la question de savoir qui de l’éléphant ou du rhinocéros est le plus balèze ne fut quasiment pas abordée au cours des colloques pendant au moins deux semaines.
L’image de marque du moustique en prit également un coup, puisque la femelle moustique passa du statut de mini-vampire à celui de ménagère de Monoprix. Vous conviendrez avec moi qu’en matière de glamour, on baisse quand même d’un cran. D’ailleurs le mouvement gothique qui avait choisi pour emblème le moustique se retrouva un peu con et jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus. Il fallut attendre la fin du 20è siècle et le début du 21è pour que les suceurs de sang se voient auréolés de glamour, de charme, de sensualité et parfois même de paillettes2.
Encore mieux, on découvrit que les moustiques pourrissaient la vie des êtres vivants depuis l’époque des dinosaures. C’est d’ailleurs grâce au moustique qu’on entretient le vieux fantasme de ressusciter les dinosaures. Pour comprendre en gros le principe, je vous invite à visionner Jurassic Park, dont le moustique est le véritable héros sans quoi rien n’aurait été possible.
S’il reste encore des lecteurs à ce stade, ils vont soit se poser la question suivante : « Mais pourquoi les moustiques sont-ils plus attirés par certaines personnes ? », ou bien se demander comment ils ont pu perdre autant de temps pour lire ces inepties alors qu’ils sont déjà à la bourre3.
Une proie de choix qu’ont en commun la femelle moustique et beaucoup de mâles humains.
Madame Moustique est une redoutable chasseuse, puisqu’elle peut se déplacer sur plusieurs kilomètres pour trouver une proie. Elle est équipée en série d’un radar olfactif d’une portée de 30m, et d’un système de vision pas très performant d’une portée d’1,5m. Ce que Madame Moustique repère le plus, ce sont les odeurs de transpiration. Certaines femmes me rétorqueront qu’elles transpirent moins que leur compagnon mâle, et qu’elles ont une hygiène un peu moins douteuse. Or, elles sont la cible préférée des moustiques.
Mesdames, voici comment ça fonctionne. Vous êtes au lit avec Monsieur, il fait chaud, il fait nuit et Madame Moustique, voulant assurer sa descendance, se met en chasse. Bien vite, elle repère une odeur de transpiration alléchante (encore un bel exemple de relativité des choses) et s’empresse de se rendre à la source de ces émanations. Ne voulant pas vous froisser, je pars de l’hypothèse que c’est Monsieur qui sue et non pas vous. Madame moustique arrive donc dans votre chambre à coucher, et elle est bien contente qu’il fasse nuit. Car sachez-le, les moustiques femelles sont bien plus à l’aise dans le noir. Elle se rapproche de Monsieur quand tout à coup, elle perçoit une odeur bien plus alléchante : du parfum ou une odeur de peau plus agréable à ses récepteurs olfactifs (un moustique a-t-il un pif ?). Diantre, vous voilà devenue un met de choix pour Madame Moustique. Pour être certaine d’être choisie, vous pouvez aussi posséder une plus haute température corporelle, boire de l’alcool, manger du fromage ou encore sentir l’urine.
Si vous avez bien suivi l’action, vous vous ferez donc piquer par Madame Moustique grâce à Monsieur votre compagnon qui l’a rabattue vers vous. Vous pouvez donc le remercier chaleureusement.
Et maintenant que vous êtes piquée, comment est-ce qu’on empêche la piqûre de vous démanger comme un ticket gagnant du loto ? Et bien les remèdes de grand-mère varient énormément pour un résultat plus qu’aléatoire. Je n’ai donc aucune solution miracle à vous fournir.
Une dernière chose : les moustiques, c’est comme les seringues usagées : évitez de vous les prêter si vous ne voulez pas risquer une transmission de maladies (il est à noter que le sida ne peut pas se transmettre par Moustique Express, car il est détruit par la livreuse lors de sa digestion).
Si vous vous demandez pourquoi avoir fait une intro aussi étrange, c’est parce que cette note traîne dans mes brouillons depuis longtemps, et qu’il m’a bien fallu la rafraichir un peu sous peine de devoir attendre l’été prochain pour la publier. ↩
Et je pense qu’on est tous d’accord pour dire que la présence de paillettes sur un vampire exclue de fait les autres qualificatifs pré-cités. ↩
Il se trouve que Madame Albane était enceinte ces derniers mois. Je vous passe les détails de la conception, d’autant que je ne suis pas certain d’avoir été présent à ce moment-là (il y avait beaucoup de monde, et je me suis absenté un moment pour manger un morceau).
Je vous passe aussi les détails de la grossesse, vu que ce n’est une partie de plaisir pour personne pendant au moins les deux tiers du temps, et que ce fut finalement une grossesse assez classique et bien moins médiatisée que celle du rejeton princier british qui n’a toujours pas de nom à l’heure actuelle.
Ce qui nous amène au lundi 22 juillet 2013, date de fin de la grossesse de Madame. Afin de faire simple et concis, je narrerai les faits de façon chronologique, avec l’exactitude et la véracité dont je fais toujours preuve :
– 8h moins pas grand chose : alors que je pars au travail, Madame me signale qu’il faudrait peut-être que je ne m’éloigne pas trop de mon téléphone, vu qu’elle a quelques contractions assez fortes. Comme je n’ai aucune idée de ce qu’est une forte contraction, je l’associe dans ma tête à un bobo imaginaire qu’elle invente pour faire son intéressante.
– 9h : Coup de fil de Madame pour me dire qu’elle a une contraction toutes les dix à quinze minutes. Comme elle me dérange en pleine lecture de mes mails et que ceux-ci me proposent un allongement de mon pénis, je n’ai aucun mal à sélectionner la priorité du moment et à lui raccrocher au nez.
– 9h30 : Je me cure le nez. La pêche est bonne.
– 10h30 : après quelques échanges téléphoniques, la situation semble en stand-by. Des contractions régulières, mais pas assez rapprochées pour enclencher le plan « Livraison du Colis par Cachalot Express »1. Comme il est urgent d’attendre, je vais vaquer à mes occupations qui consistent surtout à avoir l’air très occupé dans l’espoir qu’on ne me file pas de travail.
– 10h40 : Malgré mon camouflage de fougère, je suis repéré et doit exécuter une tâche éreintante qui consiste à aller chercher le courrier.
– 11h30 environ: Appel assez angoissé de Madame, les contractions sont tombées à 4 minutes d’intervalle. J’appelle mon chauffeur (qui est une chauffeuse), qui me ramène prestement chez moi.2
– 12h10 : Madame a beau avoir des contractions toutes les 4 minutes, elle trouve quand même le temps de traîner entre chaque. Je lui fais remarquer que si elle continue de glandouiller comme ça, elle n’aura pas droit à la péridurale. Cette remarque la fait curieusement accélérer de façon significative mais quand même pas spectaculaire. Premier-Né, administrativement nommé Raphaël, est embarqué lui aussi vu qu’à 3 ans et demi il ne peut toujours pas se débrouiller seul. Je sens que pour son stage de fabrication de composants de smartphones en Chine l’année prochaine c’est foutu.
– 12h25 : arrivée à l’hôpital de Bourges, qui est une masure insalubre partagée avec une boucherie, des pompes funèbres et un vendeur de kebabs. Ces autres commerces se fourniraient tous à l’hôpital que ça ne m’étonnerait pas. Raphaël est évacué par sa grand-mère qui l’exfiltre par hélicoptère.
– 12h30 : comme les journalistes sont tous à Londres pour l’autre naissance de célébrité, nous n’avons aucun mal à parvenir dans le service des accouchements. Nous entrons, et je me fais virer sous prétexte que j’ai l’air d’un pervers.
– 12h32 : Je reviens affublé d’une fausse moustache. Les soignants, pensant que Freddy Mercury vient visiter leur service me font entrer sans autre formalité. Je suis toutefois obligé d’avoir l’air un peu mort et décomposé pour ne pas éveiller les soupçons (je savais bien que visionner la série Walking Dead me servirait un jour).
– Un peu plus tard : Comme l’anesthésiste est d’une timidité maladive, je suis expulsé de la salle d’accouchement. Mais je ne me plains pas, vu que la salle d’attente est dotée d’une télé.
– Encore un peu plus tard : Les aides-soignantes me ceinturent et me forcent à rentrer dans la salle d’accouchement. L’une d’elles me pète trois doigts dans l’opération et me promet qu’elle me montrera comment elle a fait si je me tiens tranquille. Malgré mes suppliques et mes larmes, la télé reste en salle d’attente.
– 14h40 : Albane étant quelque peu agitée, des soignants viennent la ligoter sur la table d’accouchement après qu’elle ait réussi à sectionner les tendons du poignet de la sage-femme d’un seul coup de dents. Ils finissent par lui filer un shoot d’héroïne parce que ça coûte moins cher que les calmants homologués.
– 14h45 : L’anesthésiste revient un peu affolé, ce n’est pas de l’héroïne qu’ils ont filé à Madame mais du LSD. Ce qui explique qu’elle voit des libellules mauves qui me grignotent le cerveau en discutant des interactions chimiques entre les méduses et les formulaires de demande d’adoption.
– 14h50 : l’aide-soignante arrive enfin à mettre les libellules dehors. Albane en profite pour essayer de me mordre le bras, avec succès.
– 14h59 : Apparemment le bébé est pressé de sortir puisqu’on voit un tentacule qui s’agite frénétiquement. La sage-femme assure qu’on a le temps et que ça s’est passé comme ça pour la naissance de Paul le Poulpe, et que finalement il a fallu attendre une demi-heure.
– 15h03 : On voit la tête. La sage-femme se rend compte qu’en fait on n’a pas super le temps et appelle à l’aide (véridique).
– 15h04 : C’est l’éjection. Le bébé sort d’Albane à la vitesse record de 102km/h (comme une balle de tennis au service, pour vous donner une idée). La détonation est entendue jusqu’à l’extérieur de l’hôpital. La sage-femme fait un plongeon magnifique et réceptionne mini-nous juste à temps pour éviter qu’il ne s’encastre dans le mur.
– 15h05 : Mini-nous enroule ses tentacules autour du visage de la sage-femme et tente de lui manger les yeux. Un infirmier plutôt costaud lui envoie de fortes décharges avec une matraque électrique pour lui faire lâcher prise. La sage-femme fait des bonds bizarres à chaque décharge, ce serait très amusant à voir si Albane n’essayait pas de me broyer les testicules afin d’être certaine que je ne la remette pas enceinte par inadvertance (ce qui n’arrivera pas volontairement, étant donné que nous sommes tous deux très en accord sur le fait que 2 rejetons, c’est pile ce qu’il faut pour assurer la survie de l’espèce sans risquer la surpopulation).
– 15h06 : Dans des circonstances encore indéterminées, un feu se déclare dans la salle d’accouchement. Mini-nous rétracte aussitôt ses tentacules et se roule en boule dans un coin de la pièce. Au moins nous connaissons maintenant un bon moyen de pression s’il n’est pas sage.
– 15h20 : On pèse et on mesure la bête. 3k940, 51cm, 2 testicules, 10 doigts, deux yeux, deux oreilles et toutes ses dents. Oui, il semble que Mini-nous soit né avec l’intégralité de sa dentition déjà en place. Et qu’il ait hérité de la tendance d’Albane à vouloir mordre tout ce qui ressemble à un morceau de viande.
– 15h30 : Nous restons seuls Albane, Mini-nous et moi dans la salle d’accouchement pendant que les soignants barricadent l’entrée de l’extérieur. Il semble que Gaël (le vrai nom officiel et tout de Mini-nous) dépasse largement les normes d’agressivité tolérées au sein du service, et ils ont décidé de faire appel à l’armée pour gérer ce cas.
– 15h38 : Nous sommes copieusement gazés et je sombre dans l’inconscience (mes parents diraient que je l’étais déjà, mais ils sont médisants).
– 17h : La sage-femme vérifie que tout va bien pour nous trois et signe un avis d’expulsion. Nous sommes raccompagnés fermement à la sortie du service d’accouchement par trois gros balèzes dont un que je suis persuadé avoir vu dans l’émission « Meutriers en Série ».
– 17h10 : On nous emmène à notre cellule. Je suis content de voir qu’au moins le trou d’évacuation des déjections n’est pas bouché, pas comme dans le dernier hôtel où j’ai mis les pieds. Je demande un autographe au tueur en série, qui me dédicace son livre « Je vous tuerai tous » en inscrivant « Pour Dric, je te rendrai bientôt visite. Amicalement, Roger. »
Gaël à l’âge adulte (projection)
La suite est plutôt banale avec le traditionnel défilé des personnalités politiques, des félicitations à la chaîne, des photos, du champagne et des filles nues qui se trémoussent. Albane et Gaël pourront rentrer demain (vendredi donc), et si Gaël s’en contrefout puisque lui il peut pioncer, manger et faire caca où qu’il soit, Albane est beaucoup plus impatiente.
Quand à moi, je profite d’avoir le lit pour moi tout seul. Malgré mes demandes répétées, il m’a été interdit d’y amener d’autres personnes.
Note : j’ai un peu romancé cet accouchement, mais l’horodatage est correct ainsi que les principaux évènements. Le personnel a été très très gentil et a fait en sorte que tout se passe bien (même si Gaël est effectivement sorti plus vite que prévu).
Je vais probablement me faire tuer pour ce qualificatif de cétacé, ou au moins souffrir considérablement. Mais ça vaut le coup. ↩
En vrai on s’en fout mais je fais du covoiturage. Ça sauve la planète, le compte en banque et c’est assez agréable de se faire conduire. Le revers de la médaille c’est qu’on roule parfois sur un chat, mais on ne peut pas tout avoir. ↩
La Space Magic c'est un peu comme les super-pouvoirs, ils ont une explication mais en fait on s'en fout.
Aujourd’hui nous allons parler un peu de la relativité du temps. Ce terme est très utilisé en science-fiction pour faire de la Space-Magic1 , ce qui fait que le bas-peuple2 a souvent tendance à penser que c’est un truc pour adolescents boutonneux.
Je tiens à le dire, c’est faux. D’abord parce que la science-fiction est appréciée par une foule de gens de tous âges qui n’ont pas de problèmes de peau, ensuite parce que c’est un phénomène que vous subissez quasiment tous les jours. Vous noterez l’emploi du verbe « subir », je vous garanti que c’est bien le terme qui convient pour ce phénomène.
Prenons un cas concret de la vie courante. Pour coller un maximum aux paramètres du test, vous devez au moins répondre aux pré-requis suivants :
Devoir arriver à votre travail à heure fixe.
Ne pas habiter sur votre lieu de travail.
Ne pas disposer de pouvoirs spéciaux.
Pour une meilleure expérience et un ressenti plus fort, veuillez vous munir d’enfants3 qui devront eux aussi quitter le domicile familial pour se rendre à l’école, en crèche, chez la nounou ou dans n’importe quel lieu où vous souhaiteriez l’abandonner. Vous pouvez également établir votre domicile à bonne distance de votre lieu de travail.
Le réveil sonne, il est <Insérer ici une heure qui sera quoi qu’on y fasse toujours trop tôt, vu qu’on a les yeux bouffis, le cheveu en bataille, et qu’on jure (en vain) que ce soir on se couchera bien moins tard>. Allez, laissez-vous encore 5 minutes avant de vous lever.
Vous clignez des yeux : 6 minutes se sont déjà écoulées. Oui, en un clignement. Vous vous levez et allez prendre votre douche, le temps de vous raser/mettre une quantité indéfinie de crèmes de beauté, de maquillage/faire l’idiot devant la glace vous aura semblé prendre moins de 5 minutes. Erreur : voilà qu’un quart d’heure s’est écoulé, et votre sale gosse n’est toujours pas réveillé. Et vous pouvez vérifier sur toutes les horloges de votre Home Sweet Home, elles indiquent toutes avec la même effronterie que vous commencez à prendre un sévère retard sur votre planning matinal.
Et sachez que cet écoulement du temps qui semble passer en accéléré va continuer comme ça jusqu’à ce que vous arriviez (en retard) à votre travail.
Et il y a mieux : le temps peut également sembler se rallonger à l’infini, faites-en l’ennuyeuse expérience en participant à une réunion, en allant en cours (pour les plus scolarisés d’entre nous), en étant coincé dans un bus bondé en plein été, dans un embouteillage, etc.
Madame, Monsieur, Chose : vous venez d’être la victime de la relativité. Nombre de savants se sont penchés et se penchent encore aujourd’hui sur ce phénomène, ce qui explique la posture voûtée de la plupart de ces gens-là. Et encore, ce n’est pas la pire déformation physique que peut subir un chercheur : si vous voyez des scientifiques estropiés, avec des organes manquants et d’autres visiblement endommagés, il y a de fortes chances pour que leur domaine de recherche porte sur l’épineuse question de qui de l’éléphant ou du rhinocéros est le plus balèze. Ce n’est pas tant la recherche en elle-même qui est dangereuse, mais plutôt les affrontements liés à la publication du résultat de ces recherches. Il faut bien le dire, personne aujourd’hui n’a encore pu répondre avec certitude cette question fondamentale. Du moins sans se faire massacrer par les partisans de l’autre camp.
Si vous avez continué la lecture jusqu’ici au lieu de retourner voir des vidéos de minous sur Youtube (ou sur Youporn, ça marche aussi), vous allez vous écrier : « Hé, mais c’est vrai ! Comment se fait-il que le temps n’ait pas une durée fixe ? ».
L’explication tient dans le fait que le référentiel de base, c’est vous. C’est votre point de vue qui fait que le temps semble se dilater ou se rétracter. En vérité une unité de temps a la même durée pour tout le monde, mais tout le monde ressentira une durée différente pour cette même unité de temps, et tout ceci est variable dans le temps et selon l’air du temps4. Cessons-là ces énoncés fumeux et prenons Galilée :
Nous sommes en 1610 en Italie, et cette truffe de Galileo Galilei5 croit que si le Soleil se lève et se couche, c’est parce que c’est la Terre qui tourne autour de lui, et non pas l’inverse comme ce qui est dit par l’opinion publique catholique (je vous rappelle qu’à cette époque c’est l’Église Catholique qui fournit les explications scientifiques aux mystères de ce monde).
Quand je vous disais que tout est une histoire de point de vue...
Si on y réfléchit bien, du point de vue d’un humain résidant sur Terre, les deux théories sont plausibles. Mais du point de vue d’un martien préparant sa Guerre des Mondes, il est évident que c’est autour de Mars que le Soleil tourne et que c’est la Terre, cette ridicule planète qui va se manger une invasion d’ET dans 4 siècles, qui tourne autour du Soleil. Si le Monde devait tourner autour de tous ceux qui pensent qu’ils en sont le centre, je vous laisse imaginer le bordel que ça serait. N’est-ce pas ? Hein, quoi, c’est déjà le cas ? Oh écoutez, on le saurait à force…
On peut donc déduire de toute cette histoire que :
Galilée était probablement un extra-terrestre.
Les martiens de cette époque auraient mieux fait d’investir un peu dans la recherche contre les maladies extra-martiennes au lieu de ricaner sur l’étroitesse d’esprit des gens du 17è siècle, ça leur aurait éviter de se faire décimer par un virus à la con quand ils ont envahi la Terre 4 siècles plus tard.6
Toute observation est relative au point de vue de la personne qui regarde.
Alors vous allez me dire que c’est bien beau cette histoire, mais que non seulement vous n’avez rien compris à cette histoire de Galilée qui tourne autour d’un martien, mais qu’en plus ça ne vous sert à rien dans votre vie quotidienne, et que comme c’est la Crise on a d’autres chats à fouetter.
Vous avez raison sur un point : vous n’avez effectivement rien compris.
Pour ceux qui aiment pouvoir tout résumer en une phrase (c’est mon cas), voici ce que vous devez retenir de la relativité temporelle appliquée à la vie courante :
« La durée d’une seconde est inversement proportionnelle à ce que vous souhaitez »
Tout ça pour dire que les matins où je dois emmener mon rejeton à la crèche, le temps file scandaleusement plus vite que lorsque je dois assister Albane quand elle est en mission de recherche de fringues7, ce qui n’arrive heureusement pas si souvent.
Ce terme regroupe toutes les explications suffisamment vagues mais plausibles concernant les moyens de locomotion dans une œuvre de science-fiction genre Guerre des Etoiles, et qui reposent sur des principes vaguement scientifiques. ↩
Il est préférable que ce soit les vôtres, et qu’ils soient encore vivants. ↩
Si vous n’avez rien compris, c’est tout à fait normal. Même en sachant que ce que j’ai écrit est relativement correct, je n’arrive pas à comprendre ce que j’ai mis… ↩
Comme quoi même à cette époque certains parents étaient totalement irresponsables dans le choix du prénom de leur progéniture. ↩
Évidemment il faut avoir lu ou vu la Guerre des Mondes d’ H.G. Wells pour comprendre ce deuxième point. Si vous ne l’avez pas lu, vous pouvez au moins tenter de dissimuler votre inculture en regardant le film de Spielberg avec Tom Cruise. ↩
Vous plussoirez si vous avez la malchance de partager la vie d’une personne qui vous dit « Je dois absolument aller acheter un pantalon, je n’en ai plus à me mettre » et qui regarde TOUT dans les magasins SAUF les pantalons. ↩
Alors que j’étais en voiture pendant les vacances, la radio était branchée sur RTL à l’heure des Grosses Têtes. M. Bouvard a soulevé un point intéressant, qui a malheureusement été traité de façon tout à fait honteuse dans l’émission :
Quelle est l’importance du plombier dans la mythologie contemporaine ?
Je me sens donc obligé de reprendre ici la question, afin d’y répondre de façon un peu plus sérieuse que les membres des Grosses Têtes. Même si l’on n’a jamais vu de plombier président de la république ou de plombier astronaute, il n’en reste pas moins que le plombier occupe une place de choix dans notre société et notre culture. Épluchons ensemble cette passionnante muse qu’est le plombier.
– Dans les jeux vidéo :
Le drame de la mode : la moustache étant totalement démodée, cette jeune femme refuse de la laisser pousser.
Tout le monde connaît Mario et son frère Luigi, les deux plombiers créés par Nintendo. Ce vieux Mario a très souvent pour mission d’aller délivrer de la gourdasse princesse en détresse (Peach la plupart du temps), ce qui en dit long sur ce que pensent les concepteurs de jeux nippons de la capacité des femmes à se débrouiller toutes seules… Mario Bros est un succès vidéo-ludique énorme qui dépasse en surpuissance les crêpes au Nutella, c’est dire si c’est balèze.
Plus généralement, on trouve souvent des mini-jeux de plomberie où il faut assembler divers morceaux de tuyaux pour faire passer un fluide d’un point vers un autre. Ce concept a été imaginé par l’International Plumbers Academy, au sein du programme controversé « Pipe Support Committee for a Better World« . Le but était de sensibiliser puis d’endoctriner de jeunes adolescents crédules pour les recruter dans des camps d’entraînements spéciaux où on leur lavait le cerveau pour des raisons troubles qui ne furent jamais vraiment élucidées. Le FBI mit fin à la branche américaine de l’organisation en 1992, mais il subsiste encore dans le monde des groupuscules déterminés à répandre la terreur et l’amour de la plomberie.
– Dans les légendes urbaines médiatiques :
Vous vous souvenez peut-être du fameux « plombier polonais » qui allait voler tous nos emplois début 2005, au moment du référendum sur la Constitution Européenne. Ce personnage est à rapprocher du vilain communiste pendant le Maccarthysme1 américain en pleine Guerre Froide, du Juif pendant la seconde guerre mondiale, et du trader depuis 2008. Bref, un gars qui fait peur et qui vient jusque dans nos foyers violer nos femmes et nos canaris, prendre notre pain et nous mener à la ruine.
Il se trouve que dans les faits, un rapport d’une commission d’enquête européenne dédiée à ce sujet a indiqué que le plombier polonais n’avait quasiment eu aucun impact sur les emplois français. Heureusement qu’on a depuis trouvé les traders comme boucs émissaires, on aurait eu l’air malin à avoir peur d’un type inoffensif.
– Dans le porno :
Zut alors, ma chemise a rétréci au lavage ! Quelle piètre ménagère je fais !
un des scenarii les plus connus des films pornographiques met en scène une jeune femme seulement vêtue d’une chemise de nuit qui fait appel à un plombier pour une fuite au robinet de la cuisine. Le plombier se trouve être parfois beau2, toujours grand et musclé pour résoudre les déboire de la jeune femme. En cours de route des mains s’égarent, des langues se retrouvent dans d’autres bouches et finalement ça se termine par un documentaire sur la reproduction animalière. On peut d’ailleurs constater que la plupart des acteurs masculins n’ont aucune véritable idée de la façon dont les humains se reproduisent, vu qu’ils répandent leurs fluides sur la dame et non pas dedans. Le duo plombier/femme au foyer est un grand classique du genre, aux côtés des duos docteur/infirmière, patron/secrétaire et tomate/chorizo.
Une étude datant de 2009 de l’Institut Pakistanais de la Statistique Ostensiblement Sexuelle (IPSOS, que nous connaissons tous) rapporte que les plombiers ont 38% de chances supplémentaires d’avoir un rapport sexuel avec une parfaite inconnue, alors que les patrons et docteurs ont 62% de chances supplémentaires d’être accusés de harcèlement sexuel dans le même contexte ; on ne peut que constater que les plombiers jouissent d’un prestige bien supérieur à ces professions pourtant mieux reconnues socialement.
En conclusion, je pense qu’on peut affirmer sans rougir que oui, le plombier fait bel et bien partie de la mythologie contemporaine. Sans jouer un rôle central, il se cache à la frontière de nos plaisirs et de nos peurs, discret mais attentif. C’est même la profession d’un des personnages importants de Desperate Housewives (Mike Delfino), ce qui montre que non content d’être bien intégrés dans notre culture moderne, les plombiers sont aussi de redoutables magouilleurs qui ne reculent devant rien pour se faire de la pub. Parce que quand même, un plombier qui vit dans un quartier aussi huppé que Wisteria Lane c’est n’importe quoi. Pourquoi pas y mettre un psychopathe, un vendeur de voitures, ou même un autre psychopathe, ou carrément des latinos aveugles pendant qu’on y est ?.
Tout ça pour vous dire que j’ai changé avec succès un réducteur de pression défectueux chez moi, et que mon groupe de sécurité fonctionne enfin normalement. C’est un petit pas pour moi, mais un grand bond pour la plomberie amateure !
Il est à noter que McCarthy partageait le même prénom qu’un des plus célèbres dirigeants communistes moustachus, et qui est par ailleurs mon deuxième prénom à moi. Ces deux personnages avaient aussi en commun la flatulence facile, d’après quelques témoins. On me souffle que c’est également mon cas, mais c’est du vent tout ça. ↩
Pas si fréquemment que ça d’ailleurs, c’est dire le peu de considération qu’a l’industrie du porno pour l’esthétisme masculin. Il faut bien le dire, les acteurs masculins sont souvent réduits à leur sexe. Les féministes feraient donc bien de la ramener un peu moins sur les films X, vu que les femmes y sont bien mieux représentées… ↩