plaignons-moi – Globalement Inoffensif https://www.inoffensif.net/blog Le superbe, magnifique et intellectuellement puissant blog de Dric Thu, 17 May 2018 07:21:25 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.1.1 4170649 La tyrannie des photos d’enfants https://www.inoffensif.net/blog/la-tyrannie-des-photos-denfants Thu, 08 Mar 2018 16:47:07 +0000 https://www.driczone.net/blog/?p=1484 Comme ça fait bien longtemps que je n’avais rien mis sur ce blog, il me fallait un sujet choc pour faire un retour en force : nous allons donc parler aujourd’hui du scandale international qui pousse les gens à vouloir qu’on mette la photo de ses enfants sur son bureau et sur son téléphone portable.

Lors d’un dîner récent, les collègues de Petite Paupiette1 (je l’appelle comme je veux, c’est mon blog), qui est entre autres la personne qui partage mon

Continue Reading]]> Comme ça fait bien longtemps que je n’avais rien mis sur ce blog, il me fallait un sujet choc pour faire un retour en force : nous allons donc parler aujourd’hui du scandale international qui pousse les gens à vouloir qu’on mette la photo de ses enfants sur son bureau et sur son téléphone portable.

Lors d’un dîner récent, les collègues de Petite Paupiette1 (je l’appelle comme je veux, c’est mon blog), qui est entre autres la personne qui partage mon lit et la mère de mes enfants, m’ont fait remarquer que mon fond d’écran de portable constituait en une succession de jolies paires de fesses. Ce qui ne m’a pas vraiment surpris, puisque que comme c’est mon portable j’étais déjà vaguement au courant de ce que j’avais mis en fond d’écran.

Ne cliquez pas sur cette paire de fesses, ça déverrouillerait votre smartphone

Comme je me doute que vous vouliez un exemple…

 

Plus tard à son travail, les collègues de Petite Paupiette sont revenues vers elle en lui demandant si ça la dérangeait pas quand même (elle a dit non, c’est pour ça que je l’aime. Enfin pas que pour ça non plus) et pourquoi diantre n’avais-je pas comme tout papa qui se respecte la photo de mes sales gosses charmants bambins en fond d’écran ?

Ce qui m’a poussé à me demander : mais d’où vient cette obligation sociale de devoir s’auto-rappeler qu’on a des enfants en les affichant systématiquement sous notre nez, surtout dans les lieux où ils ne peuvent pas sévir ?

J’ai pour cela interrogé plusieurs personnes. Comme je ne suis pas journaliste, je n’ai ni anonymisé mes sources, ni vérifié mes infos. Vous êtes prévenus.

J’ai d’abord rencontré Martine, 55 ans environ, beaucoup trop maquillée et dont l’accoutrement était un poil trop aguicheur pour son âge.

Dric : Bonjour Martine, je constate que vous avez des photos de vos enfants sur votre téléphone, pourriez-vous m’en dire un peu plus sur ce qui vous pousse à les exposer en permanence à votre vue. Vous ne vivez que pour eux ?2

Martine : Pardon ? Non mais pas du tout voyons, ce n’est pas pour moi mais pour mes clients !

Dric : Vos clients ?

Martine : Oui, regardez cette petite blonde là avec ses boucles, elle est toute fraîche. Elle vous intéresse ? On a une tarification à la nuit et un programme de fidélité.

Dric : Vous n’auriez pas en un peu plus vieux ? Du genre majeures ? Parce que là ça m’intéresserait et… merde, j’ai laissé tourner l’enregistreur. Mais comment on coupe ce truc ? Krgzl…

Ce premier interlocuteur étant assez peu dans la norme, j’ai pu interpeller un papa nommé Boris qui allait sans aucun doute m’en apprendre un peu plus. Comme c’était à un meeting de l’Amicale Communiste des gens Contestataires, j’ai opté pour le tututement réglementaire.

Dric : Camarade Boris, dis-moi donc pourquoi tu affiches tes enfants sur ton téléphone, sur ton bureau, et même sur ton t-shirt avec cette mention « Meilleur papa du monde » ?

Camarade Boris : Je m’appelle Jean-Kevin, pas Boris. Et bien c’est pour euh… les avoir tout le temps près de moi et… je les aime de tout mon coeur, euh… ils sont toute ma vie !

Dric : Camarade Boris, tu me sembles bien mal à l’aise. Allons, détends-toi mon vieux, ils ne sont pas là, ta femme non plus. Respire un bon coup et dis-moi tout.

Camarade Boris : Raaah je craque, j’en peux plus. C’est ma femme, elle m’oblige, c’est insupportable ! Je n’ai aucun répit, ils sont partout. En plus ils sont infects, je n’arrive pas à les tenir, je vais fuguer en Sibérie ! Arrrrgh ! Ah, et je m’appelle Jean-Kevin au fait.

Dric : Dis donc, c’est qui la dame juste derrière toi avec les quatre enfants ? Elle a pas l’air contente dis donc. Ouch, vous avez une sacrée droite Madame, si je peux me permettre. Votre mari a perdu deux dents d’un coup.

Profitant d’un chant marxiste entamé spontanément par la foule, j’ai pu m’enfuir avant de subir le même sort que ce pauvre Boris.

Il ne m’a pas fallu bien longtemps en cherchant sur Internet pour tomber sur CandyBoy1972, avec qui j’ai pu échanger via messagerie instantanée sur le sujet.

Dric : Mais alors toi tu as tout le temps la photo de tes enfants sur toi ? Mais pourquoi ?

CandyMan1972 : Je les trouve si beaux, j’ai envie de leur faire des papouilles tout le temps.

Dric : Mais t’as pas envie d’être autre chose qu’un papa des fois ?

CandyMan1972 : Un papa ? Mais je ne suis pas p… Oh ! Euh… Si, je suis papa, j’aime les… MES, j’aime MES enfants !

FBI : Don’t move motherfucker, we know where you are hiding ! (Traduction : Ne bougez pas monsieur, nous sommes les Toum-Toum de New York, vous savez, ceux qui sont une unité spéciale pour les victimes et tout.)3

Dric : Monsieur FBI ? Mais c’est pas une conversation privée normalement ? Tu les connais CandyTruc ?

CandyMan1972 : Oh merde, ils m’ont repéré !

Erreur : Connexion perdue.

Dric : Hé, y a encore quelqu’un ? Ça marche ce truc ?

Heureusement que je m’étais connecté sur l’ordinateur du voisin, sinon j’aurai encore pris une amende d’Hadopi ou un truc du genre.

Bref. Après ces interviews édifiantes, voilà ma conclusion : Les gens qui se sentent le besoin de mettre en permanence la photos de leur progéniture sous leurs yeux sont soit dérangés du bulbe, soit louches, soit les deux.

Et en plus c’est dangereux : imaginez que vous soyez pris en otage par un psychopathe. Le gars vous pique votre portable, voit la photo de vos enfants et du coup veut les tuer. Bravo, vous les avez mis en danger par votre inconscience !

Alors que moi avec mes paires de fesses je ne mets personne en danger. Parce qu’il est assez rare de reconnaître quelqu’un juste d’après ses fesses, ça demande d’être sacrément physionomiste pour ça.

Autre exemple : vous êtes au bureau et tout à coup votre conjoint déboule avec les enfants qu’il (Le conjoint donc, qui peut tout à fait être une femme – mais comme conjoint est du genre neutre, et qu’en français le neutre est masculin, on dit « il ») devait garder mais à cause d’une fuite d’eau (la troisième ce mois-ci quand même) il a dû appeler le voisin super sexy pour qu’il vienne réparer d’urgence avec sa grosse clé, et donc il vous les refile malgré vos protestations.

Voilà le topo : vous êtes au boulot, vous avez donc du travail, et vous voilà avec deux à trois enfants dans les pattes. Comme tout être humain qui se respecte, vous allez finir par leur demander gentiment d’aller semer l’anarchie et la dévastation un peu plus loin, si possible hors de portée de la totalité de vos sens (ouïe, odorat, vue, toucher. Bon le goût je vois pas, mais ça peut éventuellement inclure votre 6è sens).

Dix minutes plus tard voilà que le directeur se pointe très rouge et très en colère (les deux étant liés à priori) en tenant vos marmots par la peau du cou. Et en exigeant très fort des explications sur pourquoi des enfants se retrouvent dans son entreprise, enfants qui au passage ont trouvé le moyen de dessiner sur des rapports super importants, qui ont également joué avec les ordinateurs en effaçant la totalité des fichiers de la boîte, et dont l’un d’entre eux a apparemment déféqué sur le siège en cuir très confortable du directeur.

Bien évidemment, vous tentez instantanément de passer pour une fougère mais votre plan échoue. Pourquoi ? Parce que vous avez beau être extrêmement convaincant en tant que fougère, vous avez quand même la photo de ces petites pestes qui trône en gros sur votre bureau.

Vous êtes virés. Votre conjoint finit par emménager chez le voisin sexy. Vous avez toujours vos enfants dans les pattes puisqu’ils habitent juste à côté. La seule bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a plus de fuite d’eau chez vous.

Alors j’entends déjà des langues de serpent dire que j’aime pas mes enfants (Petite Paupiette me le dit régulièrement. Bien sûr c’est de l’humour, haha. Ha-ha. Non non, ça ne m’affecte pas du tout, penses-tu.). Je me suis donc rendu à l’Association pour la Science et l’Enfonçage de Portes Ouvertes pour leur demander si l’amour porté à ses enfants augmentait à partir du moment où on les avait systématiquement sous les yeux ? Et vice-versa bien entendu.

On m’a répondu que oui, bien sûr. Qu’il fallait être un monstre sans cœur pour prétendre le contraire, et que la preuve c’est qu’Hitler lui-même n’avait pas de photo de ses enfants sur son smartphone et que c’est pour ça qu’il avait été aussi méchant avec les gens.

J’ai eu beau prétexter que je n’étais pas qu’un papa et qu’en tant qu’individu ayant une volonté propre j’avais droit parfois d’avoir d’autre préoccupations4 que mes enfants, et que ne pas avoir de photos d’eux ne faisait pas de moi un père moins aimant, j’ai été copieusement hué et on m’a prié de ne plus remettre les pieds dans cette noble institution. Du coup avant de sortir, j’ai lancé innocemment « Mais alors c’est l’éléphant ou l’hippopotame qui est le plus fort ? »

L’association s’est dissoute après une émeute interne et un bilan de 3 morts et 24 blessés, sans qu’une réponse satisfaisante à cette question ô combien épineuse n’ait été trouvée.

Sinon moi ça va. Petite Paupiette vient de me signaler qu’on a une fuite d’eau, mais que le voisin s’y connait un peu, qu’il est bien équipé et qu’il va réparer ça. Par contre elle dit qu’il va falloir que j’emmène les enfants ailleurs pendant la durée des réparations.

C’est ça être un papa exemplaire, c’est savoir s’occuper de ses enfants en cas de problème.


  1. Si votre femme/compagne/objet sexuel préféré vous lit, n’omettez jamais la majuscule. Jamais. Vous pouvez la traiter de n’importe quoi, mais mettez-y les formes. 

  2. Notez que j’ai un énorme parti-pris et que je n’hésite pas à biaiser mes interviews. 

  3. Oui je sais, les policiers de New York ne font pas partie du FBI, mais c’est moi qui raconte OK ? 

  4. PréoCCUpations, parce que j’ai des fesses en fond d’écran. Cul, fesses, vous avez saisi ce superbe calembour ? 

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Oh no ! More lemmings https://www.inoffensif.net/blog/oh-no-more-lemmings https://www.inoffensif.net/blog/oh-no-more-lemmings#comments Wed, 16 Jan 2013 11:39:02 +0000 http://www.driczone.net/blog/?p=1270 Il est parfois des situations dans la vie d’un homme (au sens mâle du terme) où il est de bon ton de ne pas paniquer. Parmi celles-ci, on peut compter de façon non exhaustive :

La vue d’un araignée ou d’un petit rongeur (en tant que mâle, vous êtes censés faire face), La lecture d’un énorme écriteau sur lequel est inscrit « Merci de ne pas paniquer », Un entretien d’embauche, Une proposition de débauche12, La découverte d’une des pièces de votre maison/appartement redécorée par votre rejeton/compagne/compagnon/employé

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Il est parfois des situations dans la vie d’un homme (au sens mâle du terme) où il est de bon ton de ne pas paniquer. Parmi celles-ci, on peut compter de façon non exhaustive :

  • La vue d’un araignée ou d’un petit rongeur (en tant que mâle, vous êtes censés faire face),
  • La lecture d’un énorme écriteau sur lequel est inscrit « Merci de ne pas paniquer »,
  • Un entretien d’embauche,
  • Une proposition de débauche12,
  • La découverte d’une des pièces de votre maison/appartement redécorée par votre rejeton/compagne/compagnon/employé des impôts de façon totalement hideuse3.

Faire face à une de ces situations impose un certain contrôle de soi. Quelques phrases prononcées par vos interlocuteurs peuvent vous indiquer si votre vilain faciès est en train de trahir vos sentiments réels :

  • « Pourquoi t’es tout blanc d’un seul coup ? »,
  • « Vous avez fait un malaise, ça va mieux ? »,
  • « Si tu écarquilles encore plus les yeux, ils vont tomber de leurs orbites4 »,
  • « Tu pourrais arrêter de faire le clown, je te parle sérieusement ! »,
  • « Vous avez bu avant de venir ? »

Il n’y a malheureusement pas de recette miracle pour masquer votre trouble. N’importe quel petit mentaliste à la noix vous dira que votre façon d’être vous trahira quoi que vous fassiez, donc vous ne pouvez vous en remettre qu’à votre talent naturel pour le mensonge et espérer que votre « pokerface »5 combinée à un interlocuteur peu observateur sera suffisant pour vous tirer d’affaire.

Quoi qu’il en soit, il y aura toujours certaines situations où vous finirez par paniquer. Que ce soit sur le moment, avant ou après, vous aurez une vieille sueur froide, des visions apocalyptiques et le sentiment que le monde vous en veut personnellement.

C’est à peu de choses près ce que nous avons ressenti Albane et moi en apprenant que nous étions les heureuses victimes du « Polichinelle dans le tiroir Surprise ». Alors bien sûr nous sommes contents (on voulait plus d’un rejeton pour payer nos retraites après tout), mais quand c’est pas du tout prévu au budget 2013 (je n’apprendrai à personne qu’un bébé c’est composé pour moitié d’amour et pour moitié de gouffre financier), ça fait un peu peur quand même. Ce qui vaudra à ce futur mini-nous un peu moins d’amour de notre part (je vous apprendrai comment calculer l’amour qu’on peut porter à son enfant dans une prochaine note).

Pour tout dire, ça nous a pris pas moins de deux mois pour nous faire à l’idée (surtout moi pour être honnête). Se remettre aux couches, se relever la nuit pour les biberons, être malade tous les matins pendants trois mois, avoir l’air d’une baleine… Et encore, je ne parle que pour moi.

En attendant, les paris sont engagés : l’ensemble des grands-parents ainsi que Raphaël6 et pas mal de nos amis veulent que ce soit une pisseuse, Albane s’en fout (elle préfèrerait toutefois qu’il/elle ait une apparence humaine), et je voudrais encore un p’tit couillu pour ma part. Selon les changements de lune, la couleur de l’urine du chat et la position du dollar canadien sur le marché des valeurs dévaluées, les pronostics me donnent totalement tort.

La ponte est prévue pour le 1er août, et je n’ai pas trouvé de détournement à faire à partir de la première écho (qui est malheureusement bien moins spectaculaire que la première de Raphaël). J’ai hâte de voir la deuxième pour voir autre chose que des tâches formant une vague silhouette. A moins que je ne sois papa d’un test de Rorschach, mais ça reste peu plausible sur un plan médical.

Mon futur enfant.

Mon futur enfant.

 

Les personnes qui ont immédiatement reconnu le titre de cette note et donc le rapport avec celle-ci sont mes nouveaux héros ou héroïnes pour les prochaines 48 heures.


  1. Encore que là vous pouvez paniquer, surtout si Madame votre compagne (ou Monsieur votre compagnon pour les plus gays d’entre nous) est juste à côté de vous et qu’il/elle n’est pas l’auteur(e) de la proposition. 

  2. J’avais une super illustration à vous proposer avec une légende dont j’étais très fier, mais vous comprendrez plus loin pourquoi je me suis résolu à ne pas l’insérer dans cette note. 

  3. Surtout s’il se trouve que cette personne s’est faite aider de Valérie D., animatrice d’une émission sur le thème « Heureusement que c’est pas chez moi ». 

  4. Ça reste peu probable techniquement parlant, mais c’est toujours sympa à placer dans une conversation. 

  5. Tête de poker en mauvaise traduction littérale, ce qui signifie une expression totalement neutre. Les joueurs de poker ont tout intérêt à l’arborer s’ils ne veulent pas que leurs adversaires se doutent qu’ils ont une très bonne ou très mauvaise main 

  6. alias Premier-Né – une appellation clinquante pour dire qu’il était le premier rejeton sur les lieux. 

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La Poste, une longue histoire de maux avec plein de lettres https://www.inoffensif.net/blog/la-poste-une-longue-histoire-de-maux-avec-plein-de-lettres https://www.inoffensif.net/blog/la-poste-une-longue-histoire-de-maux-avec-plein-de-lettres#comments Thu, 27 Dec 2012 08:26:49 +0000 http://www.driczone.net/blog/?p=1246 Les services postaux, c’est avant tout une longue histoire de glorieux mérites.

On y pense peu, mais avant l’arrivée de la presse écrite, avant les journaux télévisés, avant Internet, il y avait… que dalle. Les moyens d’information étaient pour le moins peu fiables, lents et pas forcément objectifs.

C’était là qu’intervenaient les services postaux : porter des messages, des colis, des missives en galopant à travers le Royaume, telles étaient les missions des fiers postiers.

Il va de soi qu’en ce temps-là les

Continue Reading]]> Les services postaux, c’est avant tout une longue histoire de glorieux mérites.

On y pense peu, mais avant l’arrivée de la presse écrite, avant les journaux télévisés, avant Internet, il y avait… que dalle. Les moyens d’information étaient pour le moins peu fiables, lents et pas forcément objectifs.

C’était là qu’intervenaient les services postaux : porter des messages, des colis, des missives en galopant à travers le Royaume, telles étaient les missions des fiers postiers.

Il va de soi qu’en ce temps-là les gens de la poste n’avaient pas de Kangoo ni de vélo. Le seul moyen de déplacement rapide, c’était le canasson. Avouez que ça en jette plus de se déplacer en cheval qu’en vélo, le prestige de ces hommes (car la parité était loin d’être respectée en ce temps-là) était tout autre qu’actuellement.

Créés sous Louis XI, les services postaux servaient à l’origine au Roi pour envoyer des sextos à ses maîtresses. Etant donné qu’il n’y a avait pas que le Roi qui avait des maîtresses, et qu’il pouvait s’avérer bien pratique d’envoyer des messages et des lettres à l’autre bout de la France, on élargit bientôt la mission de la Poste aux autres gens du Royaume.

Le Pony Express : une époque malheureusement révolue.

Au fur et à mesure de leur histoire, les services postaux se sont développés et sont entrés dans la légende. Prenons le Pony Express, cette entreprise postale intimement liée à la conquête de l’ouest nord-américain.

C’était une longue chaîne de relais postaux qui allait d’un bout à l’autre des Etats Unis, pouvant faire passer un message de l’est à l’ouest en 10 jours seulement. Les français et les belges tenterons bien de reproduire ceci dans leurs pays respectifs, mais suite à une malencontreuse traduction un peu trop littérale, les relais postaux seront équipés de poneys. Vous le savez sans doute, mais le poney est un animal hargneux, peu coopératif et assez je-m’en-foutiste.

La conséquence sera que le Poney Rapide (c’était son nom) fera faillite au bout de trois mois sans avoir jamais réussi à livrer un seul courrier d’un bout à l’autre de sa couverture d’intervention. On peut le dire, c’est à partir de ce moment-là que les choses commencèrent à se gâter pour la grande histoire de la poste.

Lorsque le télégraphe1 fit son apparition (entraînant d’ailleurs la fin du Pony Express après deux ans de service seulement), les services postaux s’en emparèrent immédiatement. Jamais à l’abri d’une application détournée de toute technologie, la poste monta un service de réveil à distance.

Le principe était le suivant : on câblait un télégraphe jusque chez vous, vous demandiez à ce qu’on vous réveille à une certaine heure et un employé se chargeait de vous balancer des bips à l’heure prévue. Le récepteur du client était relié à un gramophone pour que le son soit bien audible. Bien évidemment, ce service échoua à trouver une clientèle pour plusieurs raisons :

  • Le coût était faramineux, sans compter qu’à l’époque on n’enterrait pas les câbles et que les fils visibles dans la rue, c’est moyen en zone dense.
  • L’employé s’endormait régulièrement, ce qui nuisait quelque peu à l’efficacité du système.
  • Un simple réveil-matin était bien plus précis et fiable, et coûtait bien moins cher.
  • Apple n’était pas encore là pour reprendre l’idée et annoncer que c’était une révolution dont vous aviez nécessairement besoin2.

Ce fut ensuite l’arrivée du téléphone, du minitel et d’internet, que les dirigeants de la poste regardèrent avec mépris en disant : « Pfeu, ça ne marchera jamais ». Ils eurent tort dans deux cas sur trois, mais malgré l’apparente haine de la Poste pour tout ce qui ressemble à une avancée technologique, la machinerie interne ne cessait d’évoluer.

Les centres de tri ont toujours été le point névralgique de la Poste. Rediriger le courrier avec un maximum d’efficacité et de rapidité vers les bureaux de poste locaux est un défi permanent.

Les premiers centres de tri étaient bien évidemment manuels, des employés ne voyant quasiment jamais la lumière du jour s’éreintaient les yeux à déchiffrer les adresses écrites sur les lettres et paquets. Le développement de la médecine et des pharmacies, ainsi que de la détestable habitude de leurs praticiens d’écrire comme des cochons fut d’ailleurs responsable des grandes grêves de 1909.

Par la suite, avec l’arrivée de la bureaucratisation galopante en vigueur dans nos administrations depuis la seconde guerre mondiale, on nomma des responsables pour surveiller des groupes d’employés, puis des responsables pour surveiller et encadrer ces surveillants. Le budget n’étant pas extensible, on finit par prendre des postes d’employés pour créer des responsables. Le point culminant fut atteint en 1974, lorsqu’un employé du tri fit grêve au centre de tri postal de Colombes en Île de France. L’acheminement du courrier fut ainsi totalement interrompu pendant 10 jours. Il s’avéra qu’il était le seul employé à faire du tri sur l’ensemble de la France, tous les autres étant responsables de quelque chose. Cet homme anonyme n’avait ainsi pas pris de congés ni eu de jours de repos depuis 3 ans, lorsque son collègue était parti en retraite. Cette histoire n’a jamais été publiquement dénoncée par les syndicats, vu que les délégués syndicaux étaient eux-même des responsables (de la vitre de la porte de service pour le délégué CGT, et de l’ampoule du placard à fournitures pour celui de FO).

C’est alors qu’on mit en place les premières machines automatiques. Qui étaient en réalité des boîtes vides dans lesquelles on mettait des employés de petite taille (l’exiguïté des machines ne permettait pas aux personnes de plus d’1m52 de s’y introduire) qui faisaient ainsi un tri manuel. Mais le ministre des PTT qui visita le premier centre automatisé n’y vit que du feu et augmenta ainsi le budget des PTT de 140%.

Petit apparté sans lien avec le sujet de mon propos3 : le timbre postal fut probablement l’invention qui propulsa les services R&D4 de la Poste au Panthéon des Grands Nuisibles de la Civilisation. Pensez donc, forcer des millions de gens à ingérer de la colle au goût infect pour pouvoir appliquer volontairement une taxe sur sa lettre, c’était tellement aberrant que ça n’aurait jamais dû fonctionner. Et pourtant, l’adage « Plus c’est gros plus ça passe » se vit là encore vérifié.

Une langue parfaitement adaptée au léchage de timbres

La Poste tenta là encore de se faire un peu plus de sous en ouvrant un service spécial de lécheur de timbres. Les membres de ce service étaient rigoureusement sélectionnés pour leur salivation modérée (trop de salive et la lettre était noyée, pas assez et le timbre ne collait pas) et la taille de leur organe qui devait être conséquente (on parle toujours de la langue là, hein) pour les gros timbres. Des rumeurs à ce jour invérifiables font mention d’un laboratoire secret de la Poste qui aurait pratiqué l’eugénisme dans le but de créer des individus parfaits pour remplir les conditions mentionnées ci-dessus.

Ce fut encore un fiasco : les gens étaient peut-être idiots, mais pas à ce point. Le Gouvernement français ordonna aux employés de bureaux de poste de proposer gratuitement ce service de léchage de timbres. C’est à peu près à cette époque qu’on vit arriver les premiers timbres autocollants, mais le Directeur Général jura sur la tête de sa maman que ce n’était qu’une coïncidence.

La grosse majorité de ce que je viens de vous raconter sort directement de mon imagination, cela va de soi. Et là, vous vous dites : « ok c’est bien ton truc, mais où tu veux en venir au juste ? »

Ce qui suit est certifié exact par l’Institut de Vérification des Assertions Véridiques.

J’ai commandé des pièces informatiques sur un site internet, qui me les a expédié via colissimo, le service de transport de colis de la Poste.

Après une attente assez longue, voici ce que je vois sur le suivi de mon colis via Internet :

On fait tout ce qu'on peut pour vous livrer. Ah ah.

On fait tout ce qu’on peut pour vous livrer. Ah ah.

Évidemment, il n’y a aucun moyen de contacter qui que ce soit via la page de suivi pour savoir quelle est la partie manquante, et encore moins de pouvoir la renseigner.

Il y a une raison à cela, et vous allez vous en rendre compte sur la photo de l’adresse de destinataire inscrite sur le colis :

Je cherche encore le renseignement qui manque sur l'adresse...

Bien évidemment, j’ai modifié les éléments de l’adresse, mais la présentation et le nombre de renseignements sont identiques.

Ce serait plutôt gênant pour la personne qui aurait à répondre à ma demande de me dire quel renseignement manque sur l’adresse de destinataire, étant donné qu’il n’en manque aucun.

La préposée à mon colis est certes très mignonne, mais si elle croit que mon colis se trouve dans son décolleté…

C’est d’ailleurs plus vicieux que ça, puisque la société expéditrice n’ayant pas eu de confirmation de livraison, elle a lancé une demande de localisation, qui est une procédure permettant de savoir où se situe le colis. En réalité, je suppose que cette procédure fonctionne un peu dans le même principe que le « coup de pied au cul » : la personne chargée de traiter mon colis reçoit cette demande de localisation, elle a peur et elle finit par traiter tous les colis qu’elle a en attente jusqu’à ce qu’elle oublie à nouveau que son boulot est d’acheminer des colis vers leur destinataire.

 

Et j’ai reçu mon colis sans faire aucun changement sur l’adresse de destinataire.

 

Note : je précise pour contrebalancer l’excédent de mauvaise foi qui parsème mon propos que c’est la deuxième fois que ça m’arrive. Des transporteurs nous livrent chaque semaine du matériel à cette adresse sans que ça pose le moindre problème, sauf avec Colissimo.


  1. On parle ici du télégraphe électrique, puisque le télégraphe optique (les signaux lumineux ou de fumée) existaient déjà depuis longtemps. 

  2. Oui c’est un vilain troll, d’autant que sans Apple les smartphones et les tablettes ne seraient pas encore démocratisés, seraient bien plus moches et moins ergonomiques. Ça n’empêche pas de critiquer le côté puant de leur communication. 

  3. Je n’avais en réalité aucune obligation de le mentionner étant donné que vous ne connaissez pas encore le sujet de mon propos. 

  4. Recherche et Développement. C’est censé être dans toute société qui  se respecte un service génial où on joue au savant fou. 

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Une histoire de courant https://www.inoffensif.net/blog/une-histoire-de-courant https://www.inoffensif.net/blog/une-histoire-de-courant#comments Wed, 25 Apr 2012 12:41:28 +0000 http://www.driczone.net/blog/?p=1158  Pré-note : Cette note est la plus longue que j’ai jamais faite, quasiment 4600 mots. C’est une fiction évidemment, et pas une très marrante en plus. De ce fait, point de photo de jeune femme courtement vêtue cette fois-ci. Bonne lecture…

Amandine était bien embêtée. Cette jeune brune de 28 ans travaillait à l’accueil clientèle au sein d’ERDF. Le fonctionnement d’ERDF restait un profond mystère pour elle, vu que lors de sa formation aucun responsable ne s’était risqué à lui décrire

Continue Reading]]>  Pré-note : Cette note est la plus longue que j’ai jamais faite, quasiment 4600 mots. C’est une fiction évidemment, et pas une très marrante en plus. De ce fait, point de photo de jeune femme courtement vêtue cette fois-ci. Bonne lecture…

Amandine était bien embêtée. Cette jeune brune de 28 ans travaillait à l’accueil clientèle au sein d’ERDF. Le fonctionnement d’ERDF restait un profond mystère pour elle, vu que lors de sa formation aucun responsable ne s’était risqué à lui décrire le fonctionnement de l’entreprise. Elle avait cru comprendre que c’était un reliquat de l’ancien monopole EDF-GDF, et que du coup lorsqu’il avait été décidé de créer ERDF, on y avait fourré pèle-mêle des trucs d’EDF et de GDF en priant très fort pour que ça ne foire pas.

Amandine venait d’avoir un appel d’un client qui avait fait sa demande de raccordement début octobre 2011, et là on était en avril 2012 et rien n’était terminé. Elle alla voir son responsable, M. Defort, qui était un quinquagénaire mal rasé, peu aimable et pas très beau.

« – Patrick, j’ai un souci avec un client : ils vont emménager à la fin du mois et ils n’ont toujours pas été raccordés.

– Ils ont fait leur demande quand ?

– En octobre de l’année dernière.

– Et ils croient peut-être qu’il suffit de claquer des doigts pour leur amener l’électricité ?!

– 6 mois, ça fait long quand même non ?

– Ah ma petite, tu n’es pas avec nous depuis très longtemps, sans quoi ça ne t’étonnerait pas.

– Mais alors je fais quoi ? »

Patrick Defort soupira, exhalant une haleine alcoolisée alors qu’il n’était que 10h du matin. Une carrière toute entière passée chez EDF puis au sein d’ERDF avait achevé de ruiner cet homme, qui était à 55 ans aussi en forme qu’un vieux bonhomme de 70 ans, avec des artère bouchées, un foie en piteux état, un cœur fragile et des poumons encrassés. Sa femme était partie depuis longtemps, et ses enfants préféraient dire qu’il était mort quand on leur posait une question sur leur père.

Amandine lui expliqua tout le dossier, et elle vit son responsable se ratatiner dans son siège au fur et à mesure qu’elle exposait le cas des clients qui avaient appelé.

« – On va devoir faire appel au Négociateur… », dit-il avec un frisson dans la voix.

Amandine ne savait pas qui était ce Négociateur, et elle préféra s’abstenir de demander pourquoi on avait besoin d’une telle fonction au sein de cette entreprise. Patrick Defort lui demanda de le suivre, et ils se rendirent au 5è via un ascenseur qui semblait ne desservir que cet étage.

L’étage était quasiment vide, à l’exception d’une grande pièce qui était fermée par une lourde porte blindée. Une caméra et un interphone était les seuls autres éléments notables. M. Defort s’approcha de l’interphone :

« – Monsieur, j’ai besoin de vos services. »

Une voix semblant venue de nulle part résonna dans le grand hall vide :

« – Es-tu prêt à payer le prix de ces services ?

– Bien sûr, je connais les règles ».

Patrick Defort transpirait à grosses gouttes à présent, une sueur froide et aigre lui coulait dans le dos. Amandine avait l’impression de se retrouver dans un film tellement l’ambiance était surréaliste.

« – Que veux-tu alors ? « , tonna la voix.

« – Je dois entrer en contact avec un Technicien.

– Mmmm, j’espère que ton offrande sera à la hauteur, ce que tu demandes est très compliqué à obtenir… »

La porte blindée s’ouvrit dans un chuintement, et les deux employés entrèrent dans la pièce. Richement décoré, le bureau dans lequel ils se trouvaient à présent dégageait une aura aussi majestueuse qu’angoissante. Amandine se dit que si le diable venait sur Terre, il choisirait sans doute ce lieu pour recevoir. L’homme qui se tenait derrière le bureau était incroyablement quelconque en regard de son nom et de la splendeur de la pièce. A vrai dire, Amandine aurait été bien incapable de le décrire. Elle avait beau fixer son attention sur lui, elle oubliait à quoi il ressemblait dès qu’elle clignait des yeux.

« – Dis m’en plus », dit l’homme en s’adressant à M. Defort comme si Amandine n’existait pas.

« – D’après le dossier, nous devons contacter un des techniciens de Bourges, dans le Cher, afin qu’il envoie une autorisation d’intervenir sous tension à un de nos sous-traitants. Ça aurait dû être fait depuis longt…

– Ne prononce pas ce genre de jugement ici ! », le coupa l’homme.

« L’influence des Techniciens est telle que je ne puis garantir la confidentialité d’une conversation même dans cette pièce.

– Je vous prie de m’excuser », bafouilla M. defort.

« Pouvez-vous nous mettre en relation avec un de ces Techniciens ?

– Je vais voir ce que je peux faire. »

L’homme étrange prit son téléphone et passa plusieurs appels. Amandine et son responsable attendaient, ne sachant trop quoi faire. La jeune femme voulait poser mille questions à son supérieur, mais celui-ci l’implorait du regard dès qu’elle faisait mine d’ouvrir la bouche. Elle ne savait pas ce qui se tramait ici, mais il était clair que Patrick Defort avait une trouille bleue de l’homme qui téléphonait sans sembler leur prêter la moindre attention.

Au bout de ce qui sembla être une éternité, le Négociateur raccrocha. Il semblait satisfait. Il fit craquer ses doigts, se passa la main dans les cheveux (mais avait-il des cheveux ? Amandine était incapable de s’en rappeler alors qu’elle avait l’homme en face d’elle) et s’adressa à M. Defort :

« – J’ai un créneau avec un des Techniciens, un certain Rodolphe. Dix minutes seulement. Vous devrez faire tout ce qu’il vous dit, même si ça implique une pratique sexuelle répugnante ou le don d’un de vos organes. »

Amandine se retint de rire devant l’absurdité de ce qu’elle entendait. Son supérieur semblait prendre tout ça très au sérieux. En fait, il était tellement livide que l’envie de rire passa d’un coup. La bouche de la jeune femme était sèche et elle déglutit avec peine.

« – Comment ça se passe ensuite ? Nous devons aller le voir à Bourges ? », demanda M. Defort.

– En effet. Vous devriez y aller maintenant d’ailleurs, je doute que le Technicien soit très patient. »

La conseillère et son responsable bredouillèrent un au revoir et allaient sortir lorsque le Négociateur les interrompit :

« – Un instant ! Vous saviez en entrant ici que mon aide ne serait pas gratuite… »

Lorsque son supérieur regarda Amandine, elle comprit ce qu’il avait en tête : c’était elle qui allait servir de compensation pour les services du Négociateur. Incapable de réagir, elle ne bougea même pas lorsque M. Defort lui mit la main sur l’épaule. Le Négociateur sembla enfin s’intéresser à sa présence, et elle faillit crier lorsqu’il planta son regard perçant dans le sien. L’homme eut un petit sourire, puis il s’adressa à Patrick Defort :

« – Non, pas elle… Vous ! »

Patrick Defort regarda Amandine, eut un haussement d’épaules résigné et alla lui ouvrir la porte du bureau.

« – Je suppose que j’ai fait mon temps… C’est peut-être mieux comme ça. Sois prudente ma p’tite, il y a des gens bien pires que le Négociateur dans cette Boîte.

– Mais, Patrick… » commença Amandine.

« – Tire-toi d’ici maintenant. Tu vas devoir continuer seule. »

Il la poussa hors du bureau. Alors qu’elle se retournait, elle eut le temps de voir dans les yeux de son responsable de la frayeur, alors que son visage exprimait juste une immense lassitude. Il claqua la lourde porte et Amandine se retrouva seule dans le grand hall.

Elle reprit l’ascenseur, qui la ramena à son étage.  L’accueil clientèle fonctionnait jour et nuit, et le bruit incessant des conversations téléphoniques ressemblait à une sorte de chuchotement monstrueux. Personne ne fit attention à elle, mais la plupart des gens qui venaient travailler dans ce service ne venaient pas pour nouer des relations humaines. Le travail était mentalement épuisant, peu gratifiant, et la pression des supérieurs était constante.

Apercevant un responsable qui venait de finir d’engueuler un de ses collaborateurs, elle se planta devant lui :

« – Bonjour Monsieur. Désolée de vous déranger, mais M. Defort m’a confié une mission et je ne sais pas à qui m’adresser…

– Defort, ce sac à vin ? Toujours pas mort, ce débris ? »

Amandine pensa que ce serait peut-être le cas dans un avenir proche, mais elle préféra ne pas s’en préoccuper pour l’instant. Elle exposa la situation en prenant bien garde de ne rien révéler quoi que ce soit qui lui sembla étrange. Elle ne savait pas si l’homme qu’elle avait en face d’elle était au courant de ce qui se passait hors de ce service, et elle ne voulait pas passer pour une détraquée. Elle-même ne savait plus trop si ce qu’elle avait vu était vraiment réel. Le responsable eut un soupir agacé :

« – Votre supérieur aurait tout de même pu vous donner la marche à suivre ! Passez donc au service Garage, ils vous prêterons  un véhicule pour vous rendre à… Bourges, c’est ça ?

– Merci Monsieur. »

Amandine tourna les talons. Elle ne savait pas où était le service des chauffeurs, mais elle préférait demander à l’Accueil. Elle entra donc dans l’ascenseur qu’elle prenait cinq jours par semaine depuis maintenant 3 mois et appuya sur le bouton du rez-de-chaussée.

Alors que les portes se fermaient, un homme s’engouffra dans l’ouverture. L’homme eut un sourire qui se voulait amical mais qui semblait plutôt carnassier.

« – J’ai bien failli me faire avoir par les portes ! vous saviez que dans certains bâtiments, les portes ont des lames coupantes ? Si vous essayez de passer lors de la fermeture, vous perdez une jambe !

– Vraiment ? », demanda  Amandine.

« – Non bien sûr, je plaisante. »

Pourtant Amandine se dit que ça serait plutôt plausible en regard de ce qu’elle avait vu au 5è étage. En regardant l’homme plus attentivement, elle remarqua tout à coup qu’il était habillé comme un gangster au temps d’Al Capone. Une caricature de maffieux des années 30, il ne lui manquait que la sulfateuse. L’homme semblait aimable, mais la jeune femme n’était pas à l’aise. Il faut dire que coincée avec un type sorti tout droit d’un film de gangsters dans un ascenseur qui semblait mettre un temps infini à descendre, ça avait de quoi vous inquiéter un minimum.

Lorsque l’ascenseur s’arrêta enfin, la porte s’ouvrit. Amandine sortit rapidement en bredouillant un au revoir, quand l’homme l’interpella :

« – Hé, attendez Mademoiselle ! »

Amandine se retourna et vit que l’homme avait à présent un revolver à la main, qui était dirigé vers elle. Elle releva les yeux vers le visage de l’homme, qui souriait jusqu’aux deux oreilles. Elle eut le temps de remarquer une tache de lumière rouge sur le front de l’homme. Un instant plus tard, la tache s’était transformée en trou béant et la cervelle du gangster retapissait tout l’intérieur de l’ascenseur. L’homme s’écroula sans cesser de sourire.

La jeune femme voulut crier, mais aucun son ne sortit. Elle voulu s’enfuir le plus loin  possible de ce cadavre au sourire démoniaque, mais ses jambes étaient trop faibles. Finalement elle s’évanouit.

Lorsqu’elle reprit ses esprits, une petite femme sans âge était penchée au dessus d’elle. C’était la première personne aujourd’hui qui semblait rassurante. Oui, on se sentait immédiatement en confiance avec elle. Amandine voulut parler, mais la femme l’interrompit :

« – Chht, prenez votre temps. Vous êtes en sécurité à présent. Voilà, respirez calmement…

– Mais, que… qui était cet homme ?

– Ma chère petite, quand on remue la merde il ne faut pas s’étonner d’être éclaboussée !

– Mais je n’ai rien fait qui…

– S’intéresser aux Techniciens n’est jamais sans conséquences. Ces gens-là n’ont aucune limite. Écoutez, je vous propose un marché. Vous restez assise encore un moment et je vous explique ce qui s’est passé. D’accord ? »

Amandine hocha la tête. Elle avait l’impression d’être encore une petite fille, lorsqu’elle allait rendre visite à sa grand’ mère.

« – Vous avez eu affaire au Service Qualité, qui ne sont pas très efficaces dans le domaine qui est censé être le leur, comme vous avez pu le constater. En revanche ils excellent dans la résolution d’incidents. Voilà comment ça fonctionne : les Techniciens, ainsi que les autres services qui font appel à eux font une fiche d’évènement indésirable lorsqu’un problème interne survient. Ensuite un des membres du Service Qualité intervient pour résoudre le problème. En général, ils se contentent d’assassiner la personne qui est à l’origine du souci.

– Mais comment peut-on laisser faire ça ? Un mort, ça se remarque ! », rétorqua Amandine.

« – Ce qui se passe à ERDF reste à ERDF ma petite. Pourquoi croyez-vous que tout est si bien cloisonné ici ? Votre service ayant un  « turnover » important comme on dit, il est isolé du reste de l’Entreprise. Vous êtes passée de l’autre côté du miroir, ma petite « Alice ».

– Mais qui a tué cet homme ? Ne devrait-on pas prévenir…

– La police ? Pourquoi faire ? Quelle importance ? Cet Al Capone de pacotille allait vous tuer. Savourez juste le fait d’être encore en vie !

– Je dois… Mais attendez ! Comment vous savez que je m’intéresse aux Techniciens ?!

– Je suis au courant de beaucoup de choses. Je suppose que c’est ma fonction qui veut ça…

– Quelle fonction ?

– Le ménage ma petite, le ménage. Nous sommes une caste d’intouchables, personne ne fait attention à nous, personne ne nous embête. Mais ça nous permet d’entendre et de voir tout ce qui se passe. Aviez-vous déjà remarqué l’un ou l’une d’entre nous ? »

Amandine réfléchit, mais elle dut bien admettre qu’elle n’avait jamais vu personne faire le ménage, alors même que sa poubelle était vidée plusieurs fois par jour et que les sols étaient impeccables.

« – C’est exactement ce que je vous disais, personne ne fait attention à nous. Mais nous devons notre tranquillité essentiellement au fait que si nous avons des oreilles grandes ouvertes, nous avons surtout des bouches bien fermées. Si nous commencions à parler de ce qui se passe ici, nous ne ferions pas long feu, croyez-moi !

– Et bien, merci de vous être occupée de moi. Je dois me rendre au service Garage pour emprunter un véhicule, vous sauriez m’indiquer le chemin ?

– Je vous déconseille d’aller aux Garages en ce moment. Ils sont assez énervés suite aux restrictions budgétaires dont ils ont fait l’objet en début d’année.

– Ils ne peuvent plus prêter de véhicules ?

– Oh si, ils en ont plein de véhicules ! Simplement personne ne se risque à aller en emprunter. Ces gars-là sont de vrais sauvages !

– A ce point-là ?

– Ma chère, ils adorent deux choses : ils vouent un véritable culte à la mécanique. ils ont élevé un espèce de monolithe fait de pièces de voitures, et ils passent leur temps à l’implorer.

– Et la deuxième chose ?

– La chair humaine. Les Garagistes sont cannibales. »

Amandine resta incrédule. La petite femme semblait très sérieuse, et c’était la personne la plus sensée qu’elle avait croisé aujourd’hui. Devant son air perdu, la femme eut un petit rire amical :

« – Ne vous inquiétez pas, je vais vous prêter un de nos véhicules de service. J’espère que vous n’êtes pas trop sensible aux parfums des produits d’entretien, ça sent assez fort là-dedans pour masquer l’odeur d’un mort !

– Comme celui de l’ascenseur ?

– Ne vous en faites pas, nous savons gérer ce genre de situation. Partez maintenant, et bonne chance. Vous en aurez besoin. »

La femme lui tendit un trousseau de clés et lui indiqua où était garé la voiture. Alors qu’Amandine partait, la femme de ménage lui tendit le revolver du gangster des années 30. La jeune femme n’avait jamais touché à une arme de sa vie, mais elle sentait qu’elle serait peut-être amenée à s’en servir. Elle la prit et la planqua dans sa veste. Le poids de l’arme la gênait un peu, mais ça avait un côté rassurant.

Le trajet se fit sans encombres. Amandine n’en revenait pas de ce qu’elle était en train de vivre. Elle n’avait envisagé qu’un bref instant d’aller tout raconter à la police. Qui la croirait ? Elle pensa aussi à tout laisser tomber et à rentrer chez elle, passer un coup de fil à la DRH et démissionner. Mais elle était trop impliquée, ils ne la laisseraient certainement pas filer comme ça. De plus, quelque chose la poussait à finir cette mission. Elle se remémora une expérience qui était passé à la télé, dans laquelle des candidats  soumis à la pression du présentateur d’un jeu fictif  finissaient par torturer une personne à coups de chocs électriques. C’était ce qui était en train de lui arriver, elle ne parvenait plus à prendre du recul.

Elle arriva à Bourges en fin d’après midi. Il faisait gris et anormalement froid en cette période d’avril. Le GPS intégré à l’utilitaire lui indiqua où se situaient les locaux d’ERDF. La présence de l’appareil de guidage était plutôt étrange dans ce vieux véhicule, mais il faisait parfaitement l’affaire d’Amandine.

Elle se gara dans la cour d’ERDF, entourée de bâtiments bas, gris et plutôt vétustes. La jeune femme se dirigea vers ce qui ressemblait le plus à un accueil, mais il était désert. Elle ne disposait que du prénom du Technicien, Rodolphe. S’avançant dans le bâtiment, elle finit par appeler à voix haute. Un silence pesant lui répondit, seulement coupé par les aboiements lointains d’un chien dans le voisinage.

« – Il y a quelqu’un ? Je cherche Rodolphe !  »

Alors qu’Amandine commençait à se dire qu’elle avait fait le trajet pour rien, une voix masculine lui répondit :

« – Par ici, avancez vers le fond ! »

La pièce était encombrée de papiers, de pièces, de câbles. Dans un coin trônait un énorme ordinateur qui semblait dater de la préhistoire de l’informatique. Amandine se dit que l’occupant des lieux devait rarement faire le ménage, vu l’odeur qui régnait dans le bureau. Probablement un rat crevé, ou de la nourriture pourrie. Le propriétaire du bureau était un grand black vêtu d’un bleu de travail. Il n’avait pas l’air particulièrement dangereux, mais Amandine avait appris à se méfier de tout le monde ici.

« – Qu’est-ce que vous voulez ? Comment avez-vous eu mon nom ? », demanda l’homme avec un soupçon d’agressivité dans la voix.

« – Je… je suis venue pour une histoire d’autorisation de travail sous tension. J’ai un client qui attend que vous envoyiez cette autorisation à un de nos sous-traitants afin qu’il puisse finir de câbler jusqu’à son domicile.

– Et pourquoi êtes-vous venue en personne ?

– Et bien… je ne sais pas trop… mon responsable… enfin c’est compliqué.

– Bien. Je vais consulter mes mails, ça fait deux semaines que je ne l’ai pas fait, je suppose que la demande est dedans…

– Deux semaines ?! Mais vous travaillez souvent par mail ?

– Je ne travaille QUE par mails. »

Amandine était scandalisée. Elle avait failli se faire tuer et son responsable avait disparu seulement parce qu’un crétin n’ouvrait pas ses mails :

« – Vous vous foutez de moi ?! Vous avez une vague idée de ce que j’ai dû faire pour arriver jusqu’ici ?

– Hé ho, un ton plus bas ! Vous voulez peut-être le faire à ma place ? « , demanda l’homme avec un étrange sourire.

Ses dents parfaitement blanches contrastaient avec sa peau, lui faisant un sourire éclatant. Amandine remarqua qu’il portait un collier fait avec des pierres étranges, qui ressemblaient à… des dents. Il avait des vaisseaux sanguins éclatés dans ses yeux, lui faisant des yeux un peu rouges.

« – Je… Non, allez-y. », dit-elle.

« – Mademoiselle, je vais devoir insister. Ouvrez donc ma messagerie.

– Mais enfin pourquoi ? Je n’ai même pas votre mot de passe. Et puis c’est votre boulot quand même ! »

Le sourire éclatant s’élargit encore. Il semblait très satisfait de ce qu’Amandine venait de dire.

« – Mademoiselle, cet ordinateur ne demande pas de mot de passe. Il fonctionne avec… autre chose.

– Pardon ? Vous n’avez aucune sécurité sur cet ordi ?

– Oh mais si ! Et bien plus efficace que tous les mots de passe du monde… Cette machine demande un sacrifice lorsqu’on veut l’utiliser.

– Un quoi ? Ça n’a aucun sens !

– Ce truc réclame sa ration de viande ! Vous voulez accéder à vos documents ? il vous prend un doigt ! Vous voulez envoyer un mail, dites adieux à un de vos orteils !

– Mais c’est ridicule, qui pourrait utiliser une telle machine ?!

– Nous n’avons pas le choix. Si j’ai bien compris, il y a eu à un moment une tentative de prise de pouvoir de toute la Maison par les Techniciens. Je n’étais pas encore là quand c’est arrivé, et on ne s’appelait même pas encore ERDF, mais il paraît que ça a été sanglant. La Direction a finit par l’emporter, et les Techniciens ont été… punis. Le PDG a fait installer ces ordinateurs spécialement conçus pour nous en nous disant que lorsqu’on voulait accéder au sommet, il fallait être prêt à faire des sacrifices.

– Mais comment vous faites ? Je veux dire, vous ne pouvez pas vous laisser couper tous les doigts par cet engin !

– Nous avons fini par trouver une parade. La machine accepte n’importe quoi du moment que c’est de la viande. Et que c’est vivant. Nous lui donnons des chats et des chiens, des rats, parfois des oisillons quand nous en attrapons. J’ai vu que vous aviez remarqué mon collier, vous savez d’où viennent ces dents à présent…

– Mais c’est répugnant !

– Vous trouvez plus choquants que nous donnions des animaux à manger à cet ordinateur plutôt qu’une part de nous-même ? Vous devez être du genre à regarder les films d’action dans lequel des tas de gens meurent sans sourciller, mais à ne pas pouvoir supporter qu’on vous montre un animal qui souffre dans 30 millions d’amis… »

Amandine ne répondit pas. Ce type avait raison, elle trouvait plus choquant de voir un animal souffrir qu’un humain. Et à bien y réfléchir, la plupart des gens pensaient comme elle. Rodolphe ne souriait plus à présent. Il continua :

« – Bien sûr, il y a le rite d’initiation…

– Quel rite ?

– Lorsqu’un nouvel employé est intégré au corps des Techniciens, il doit passer l’initiation. Il doit sacrifier un de ses doigts à l’ordinateur.

– Mais c’est horrible ! Et vous l’avez fait ?

– Bien sûr. Refuser l’initiation reviendrait à finir comme un chat ou un chien, si vous voyez ce que je veux dire…

– Mais vos doigts…

– Une prothèse. Nous sommes parfois en contact avec les clients, ils ne doivent rien savoir. Imaginez que quelqu’un remarque qu’aucun des Techs d’ERDF n’a d’auriculaire à la main gauche ? Ce serait une catastrophe !

– Bon… et bien donnez un rat à cet ordinateur, qu’on en finisse ! »

Cette fois le sourire de Rodolphe fut tellement immense qu’on aurait cru qu’il lui coupait le visage en deux.

« – Vous ne m’avez pas compris… Vous vouliez entrer dans notre univers, vous allez y être initiée…

– Quoi ? Mais… Non, jamais ! Je ne me ferai pas couper de doigt par cette monstruosité !

– Pensiez-vous vraiment avoir le choix, mademoiselle ? », demanda une autre voix derrière elle.

Lorsqu’Amandine se retourna, plusieurs Techniciens lui barraient le passage. Elle envisagea un instant de sortir son arme, mais elle ne pourrait tous les tenir à l’écart. Tant pis, elle devait essayer. Elle plongea la main dans sa veste, mais Rodolphe lui attrapa le bras avant qu’elle ne puisse atteindre l’arme de poing. Avec un ricanement, il prit le pistolet et le jeta sur une pile de paperasse.

« – Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas aussi douloureux que ça en a l’air… », lui dit-il en la forçant à introduire son petit doigts gauche dans une ouverture sur le côté de l’ordinateur.

Les autres Techniciens les entouraient, lançant des moqueries et des insultes. Amandine tenta de lutter, essayant de mordre Rodolphe. Celui-ci lui mit une gifle qui la sonna. Elle cessa de se débattre et ferma les yeux, priant pour se réveiller de ce cauchemar.

La sensation de fraicheur au niveau de son doigt fut rapidement remplacée par la douleur. Rouvrant les yeux, elle vit que son auriculaire gauche avait été sectionné au niveau de la deuxième phalange. Un technicien lui enroula un pansement autour de ce qui restait du doigt, et lui fit une piqûre. Alors qu’elle sursautait, il lui lança laconiquement :

« – C’est pour éviter l’infection. Ça évitera de devoir couper la main entière plus tard… ».

Rodolphe s’assit devant l’ordinateur et consulta sa messagerie. Un email du sous-traitant était en effet en attente. Ignorant les nombreux autres messages, il renvoya l’autorisation et se tourna vers la jeune femme :

« – Et voilà ! Satisfaite ? »

Amandine ne répondit pas. Les autres Techniciens s’en allaient, le spectacle était fini. Rodolphe continuait de consulter ses emails, sans plus lui prêter d’attention.

Lorsqu’il releva la tête, il se trouvait du mauvais côté du pistolet. A cette distance, Amandine fut éclaboussée par la cervelle du Technicien lorsqu’elle appuya sur la détente.

N’attendant pas l’arrivée des collègues de Rodolphe, elle fit feu sur une grande fenêtre rendue opaque par la crasse et se jeta dehors. Il faisait presque nuit, mais le parking était éclairé. Elle repéra l’utilitaire de la femme de ménage et se rua à l’intérieur.

En deux heures et demi elle était de retour chez elle, en banlieue parisienne.

Épilogue :

L’homme en costume élégant regarda son interlocutrice. Ils se connaissaient depuis longtemps, ils travaillaient souvent ensemble. La plupart du temps sur des dossiers sensibles dont l’issue était fatale à plusieurs employés.

« – Annie, vous comprenez que nous devions en arriver là. Nous ne les contrôlions plus, il fallait leur envoyer un avertissement. Ça valait bien ces quatre morts.

– Mais pourquoi l’impliquer elle ? Elle ne savait rien, elle ne méritait pas tout ce qui lui est arrivé.

– Il ne fallait pas qu’ils se doutent que nous tirions les ficelles en coulisse. Personne ne pourra jamais la relier à nous.

– A vous peut-être, mais s’ils veulent vraiment savoir ils remonteront jusqu’à moi !

– Vous vous êtes tirée de situations plus épineuses que ça, ma chère Annie.

– Je n’aime pas ce boulot.

– Et pourtant vous le faites tellement bien. Si vous n’aviez pas eu l’idée de  ces ordinateurs en 2004, nous aurions bien plus de soucis avec les Techniciens. Comment ça vous est venu d’ailleurs ?

– Lorsqu’ils ont tenté de prendre ce bâtiment, mon mari était en première ligne. Il l’ont démembré sous les fenêtres du Comité d’Administration pour montrer leur détermination. Jean-Michel n’était pas un saint, loin de là. Mais c’était mon mari et je l’aimais.

– Je comprends. Écoutez, prenez un congé, allez voir vos petits-enfants, changez-vous les idées et revenez-nous en forme !

– Merci Henri, mais je suis lasse de tous ces complots. Je ne pense pas revenir de ces vacances. Et puis cette petite était touchante. Elle n’avait rien à faire là.

– Avez-vous lu la presse locale de ce matin ? On y parle d’une jeune joggueuse retrouvée morte dans un parc. Avec un doigt manquant. L’oeuvre d’un pervers, probablement…

– Si vous voulez parler de celui qui l’a manipulée, c’est indéniable. Au revoir Henri.

– Au revoir Annie. »

La petite femme de ménage sans âge se leva et sortit du bureau. Faire le ménage pouvait recouvrir plusieurs significations, et Annie excellait dans toutes. Toutefois, se débarrasser de cette jeune femme lui avait été pénible. Elle s’était rendue chez elle, avait accepté son invitation à entrer et son café, l’avait écouté raconter son histoire en sanglotant, elle l’avait réconforté et pris dans ses bras. Puis elle l’avait étouffée dans un sac plastique. Dieu merci, on ne lui avait pas demandé de faire croire à un viol.

L’homme en costume élégant nommé Henri regarda Annie sortir du bureau. Il se dit qu’un jour il faudrait régler le cas de cette femme, avant qu’elle ne craque. Mais éliminer une tueuse aussi talentueuse et rusée qu’Annie n’allait pas être une mince affaire. Mais il faudrait le faire pour conserver le secret sur cette entreprise. Après tout il ne faisait que servir la France et les français, en permettant à la fée électricité de s’introduire dans tous les foyers.

Ce n’est pas parce qu’on aime la viande qu’on a envie de connaître la vache à qui elle appartient, dit-on. C’était exactement la même chose avec l’électricité. Moins les gens étaient au courant, mieux on pourrait leur en fournir.

Post-Note : Tout ça pour vous dire qu’on n’a toujours pas d’électricité, à cause d’une autorisation de travailler sous tension qui n’a pas été délivrée au sous-traitant pourtant mandaté par ERDF pour effectuer les travaux. Et derrière il va falloir batailler avec EDF pour avoir un rendez-vous de mise en service rapidement. Oh, j’ai omis de vous dire que nous emménageons samedi 28 avril, dans trois jours…

Post-Post-Note : le hasard fait étrangement les choses, tout vient de se débloquer au moment de mettre en ligne cette note. Nous aurons l’électricité le 2 mai… 

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Du papier bien mal rentabilisé https://www.inoffensif.net/blog/du-papier-bien-mal-rentabilise https://www.inoffensif.net/blog/du-papier-bien-mal-rentabilise#comments Fri, 20 May 2011 13:25:31 +0000 http://www.driczone.net/blog/?p=1023 Il est un sujet hautement écologique et qui nous touche tous et tous les jours dont je voudrais parler ici : la gestion du papier dans les lieux publics.

Dit comme ça, je vous accorde que c’est pas folichon comme sujet. Mais attendez un peu, ça va empirer après.

Quand je parle de papier, je veux en fait parler des serviettes et mouchoirs en papier et du papier toilettes. Car enfin, voilà là une source inépuisable d’incompréhension de la quasi majorité des

Continue Reading]]> Il est un sujet hautement écologique et qui nous touche tous et tous les jours dont je voudrais parler ici : la gestion du papier dans les lieux publics.

Dit comme ça, je vous accorde que c’est pas folichon comme sujet. Mais attendez un peu, ça va empirer après.

Quand je parle de papier, je veux en fait parler des serviettes et mouchoirs en papier et du papier toilettes. Car enfin, voilà là une source inépuisable d’incompréhension de la quasi majorité des gens. On pourrait même dire qu’il y a deux catégories de gens dans le monde : ceux qui conçoivent les serviettes et mouchoirs en papier ainsi que le papier toilettes à destination des lieux publics, tous les autres, et enfin ceux qui ne savent pas compter.

Commençons par le papier toilettes : mais pourquoi mettre toujours des rouleaux de papier super fins ? On peut voir à travers, et il est certain que ce papier va se déchirer entre nos doigts dès qu’on va s’en servir. Curieusement, il est cependant indéchirable quand vous voulez en prendre un morceau, et le pré-découpage est un piège à cons du même acabit que les ouvertures faciles.

Ma jolie, ce n'est pas avec ce PQ bas de gamme que tu vas essuyer ce foutoir !

Je présume que la finesse de ce papier est en grande partie due à de basses considérations économiques : moins d’épaisseur = moins de matière première = plus de profits1. Ça c’est la théorie. Parce que la pratique, la voilà : quand le papier semble trop fin, on en prend beaucoup plus pour le plier (ou le rouler, quand on fait partie de ces immondes rustres qui osent enrouler le PQ autour de leur main au lieu de le plier délicatement) et ainsi augmenter l’épaisseur. Pire : quand vous êtes dans des toilettes publiques, nids à bactéries par excellence et que vous devez vous asseoir sur la cuvette, vous allez mettre plein de papier dessus afin de faire un coussin pour votre popotin. Et comment estimez-vous que vous êtes suffisamment en sécurité pour ne pas chopper toutes les vilaines bestioles microscopiques ? Par la sensation de molletonné2 sous vos fesses, que vous allez donc atteindre en déroulant la moitié du rouleau tellement le papier est fin.

 

Gain final de l’opération « Moins d’épaisseur pour plus de pognon » : nul.

Continuons avec les serviettes en papier :  nous avons tous en tête la scandaleuse et inefficace serviette de fast-food, qui offre le tour de force de retenir absolument aucune particule graisseuse, alors que c’est justement ce dont on souhaiterait débarrasser ses doigts ou sa bouche3. En effet, cette étoffe végétale (faut bien trouver des synonymes et autres métaphores pour causer de ce fichu morceau de serviette en papier) n’accomplit résolument pas sa fonction, elle n’absorbe rien, elle est rêche au toucher et malgré ça elle semble tout de suite sale dès que vous y touchez.

Ce dernier point mérite qu’on s’y arrête, car l’explication de ce phénomène tient en fait à l’extraordinaire propriété anti-adhésion de la serviette. Le peu de gras que vous arriverez à déposer sur cette serviette ne s’y fixe pas, et il va donc repartir sur vos doigts/bouches au prochain passage. Tout ceci contribue donc au fait qu’encore une fois, l’utilisateur se verra contraint de remplacer la qualité par la quantité, en prenant une montagne de serviettes.

Alors autant je peux comprendre l’équation du PQ, même si j’ai brillamment démontré qu’elle est erronée. Mais là, qui a bien pu pondre un tel concentré d’ânerie ? Ils ne testent pas leurs produits avant de les mettre à disposition ? Verrai-je de mon vivant la fin des émissions de variété le vendredi soir, alors qu’un sondage récent a montré que c’est un des jours de la semaine où les gens voudraient le plus voir des films ?

Il se trouve que j’aurais encore plein de trucs à dire sur les fast-foods, notamment sur la différence entre les sandwichs Quick dans leurs pubs et dans la réalité, mais je m’éloignerai dramatiquement du sujet et je vous sais pointilleux sur la rigueur qu’il convient de donner au sujet traité dans cette note aujourd’hui.

En résumé, gain final de l’opération « Moins d’efficacité pour plus de blé » : nul.

Finissons enfin avec les kleenex qu’utilise par exemple la crèche de Mini-Dric. Ils sont tellement fins qu’on se retrouve vite avec les doigts dans le nez et des morceaux de kleenex éparpillés sur les doigts et dans les narines. Non pas que je n’aime pas avoir les doigts dans mon nez. Je n’ai pas honte de dire publiquement que je prends un certain plaisir à pratiquer l’exploration digitale4 dans mes conduits nasaux, mais quand j’ai recours au mouchoir en papier c’est bien parce que le contenu de mon nez est trop liquide pour être extrait avec les doigts. Et c’est en général le cas de tous les utilisateurs de mouchoirs en papier qui ont le nez qui coule. La solution : doubler ou tripler l’épaisseur en superposant plusieurs mouchoirs. Vous pourriez me dire que c’est pour pousser à la consommation, mais je vous rappelle que nous parlons ici de l’utilisation du mouchoir en papier dans un lieu public, et que la crèche de Mini-Moi n’a aucun intérêt à ce que nous vidions ses stocks de mouchoirs pour épancher les fuites nasales de nos charmants petits monstres.

Gain final de l’opération « Plus de finesse pour plus de pépètes » : nul.

Ce qui nous fait, si je compte encore juste à ce stade de réflexion :

bénéfices : 0 – emmerdements : 35

Je n’ai pas de conclusion à vous fournir pour tout ceci, à part que parfois, privilégier la qualité ne se révèle pas forcément plus coûteux au vu du propos exposé dans cette note. Ainsi, boycottons les knackies premier prix, car ils sont vraiment infâmes et en plus comme on les achète par paquets de 20, il faut tout manger si on ne veut pas gaspiller.


  1. Ce qui sous-entend que oui, on peut faire du profit avec du PQ. Mais la concurrence est acharnée dans le domaine, voir le célèbre ouvrage du Dr Henkel : La bataille du papier hygiénique dans la seconde partie du XXè siècle, aux éditions Flamby. 

  2. molletonné ou moltoné, puisqu’il semble que les deux orthographes soient usitées en matière de textile. Néanmoins, seule la première forme est officielle. 

  3. Je parle bien de graisse alimentaire puisque sinon les filles adorent se mettre du gloss, qui n’est autre que du gras en stick. 

  4. attention au faux ami importé des pays anglophones, heureusement en voie de disparition : dans les années 2000, « digital » était souvent employé pour « numérique », vu que c’est à peu près ce que veut dire ce mot en ricain. C’est une grossière erreur que nous avons heureusement pu éviter de transmettre aux jeunes kikoolol dernière génération qui n’ont de toute façon même plus le niveau linguistique suffisant pour écrire le mot « digital ». Ni le mot « numérique » d’ailleurs…  

  5. C’est d’ailleurs particulièrement vrai avec le PQ, et de façon littérale en plus. 

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Pas de trou dans mon trou perdu https://www.inoffensif.net/blog/pas-de-trou-dans-mon-trou-perdu https://www.inoffensif.net/blog/pas-de-trou-dans-mon-trou-perdu#comments Tue, 19 Apr 2011 14:31:55 +0000 http://www.driczone.net/blog/?p=1005 Attention : cette note est longue, et sachez que l’illustration plus bas ne résumera en rien le propos qui est développé ci-dessous. Je sais que mon lectorat clairsemé est plutôt réticent aux textes trop longs « pasque c’est chiant à lire », aussi voulais-je vous prévenir. Voilà qui est fait.

Les gens qui ont l’immense honneur et la fantastique patience de me connaître et me supporter savent qu’en ce moment nous essayons de faire construire une maison.

Diantre, me direz-vous. Que signifie ce « j’essaie »

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Les gens qui ont l’immense honneur et la fantastique patience de me connaître et me supporter savent qu’en ce moment nous essayons de faire construire une maison.

Diantre, me direz-vous. Que signifie ce « j’essaie » ? On a droit à plusieurs essais ? Si on y arrive pas le premier coup, on peut réessayer sans frais ?

Non, vous êtes vraiment des idiots, vous réponds-je1. Cette expression veut simplement dire que nous avons en face de nous un terrible adversaire que tout postulant à la construction de pavillon doit vaincre : le maître de chantier d’un constructeur de pavillon.

Évidemment dit comme ça, ça fait pas super peur. Appelons-le pour la suite des évènements : Le Terrible et Sournois Chef de Chantier de la Terreur. Cet être abject n’est pour autant pas tout seul : il est aidé dans notre cas par plusieurs lieutenants à qui on enfoncerait bien divers objets pour le moins volumineux dans plusieurs de leurs orifices2. Parmi eux se trouvent le Fourbe et Cruel Voisin Détestable, le Perfide Commercial Entourloupeur, l’Incompréhensible Entrepreneur Ursidé  et Mère Nature la Vilaine.

Les patronymes de ces individus étant assez parlants pour la majorité de mon lectorat, je préfère vous les mettre en situation que de passer de longues lignes à vous les décrire. Notez que pour raccourcir le récit d’environ 6 mois j’ai fait l’impasse sur le Cupide Banquier Avare.

Hors donc, notre histoire se passe en l’an de grâce 2010. Nous sommes au 1er jour du mois de décembre, il pleut, et alors que les ménages français préparent activement les fêtes de fin d’années Albane, Raphaël (un an tout frais au compteur)3 et moi-même allons enfin voir débuter le chantier de notre pavillon, sur un terrain situé pas très loin d’où nous louons actuellement.

Rendez-vous fut donc pris avec le Terrible et Sournois Chef de Chantier (TSCC) et l’Incompréhensible Entrepreneur Ursidé (IEU) sur notre terrain fraîchement défriché. Les deux compères n’en furent en réalité d’ailleurs pas puisqu’à peine arrivés l’IEU signala que quand même, ça allait pas être possible de faire passer des engins de chantier dans le minuscule chemin rural qui relie notre terrain au reste du Monde. Le TSCC paniqua un peu et entreprit de marchander avec l’IEU en se basant sur la position des étoiles et la possible victoire de son club de curling favori aux prochains championnats du monde. Par un tour de passe-passe qui m’échappe encore, la largeur anorexique du chemin ne fut tout à coup plus un obstacle. l’IEU ne voulant pas s’avouer si facilement vaincu répliqua perfidement que ledit chemin étant plus un marécage miniature qu’un chemin par la faute de Mère Nature la Vilaine, ses engins allaient s’embourber et que du coup ils ne pourraient pas passer. Le TSCC fut bien obligé d’en convenir, le bougre avait raison. Vous imaginez sans peine mon visage défait suite à la révélation de toutes ces horreurs que le Perfide Commercial Entourloupeur ainsi que le TSCC avaient bien évidemment qualifié de « peanuts »4 lorsque nous avions nous aussi émis des doutes quand à la faisabilité de faire emprunter un chemin vaguement caillouteux large de 4m à une bétonnière de 30 tonnes. Décision fut prise d’une part de stopper le délai du chantier (qui est d’un an pour réaliser notre maison à partir de l’ouverture de chantier) parce que « Vous comprenez, c’est pas de not’ faute si le chemin communal n’est pas praticable et on ne peut pas intervenir dessus », et d’autre part de prendre rendez-vous avec la mairie pour qu’il refassent le chemin dans les plus brefs délais.

Innocent que je suis, j’avisais également le Fourbe et Cruel Voisin Détestable (Voisin) de cette réunion vu qu’il est lui aussi concerné par cette partie du chemin, qui dessert nos deux terrains. Nous voici donc le 4 janvier 2011 à la Mairie, en présence de l’Adjoint au Maire chargé de l’Urbanisme (ci-après dénommé Urbain, qui est par ailleurs charmant, courtois et dévoué à ses administrés), de Voisin et de sa femme, du TSCC et de moi-même. Et là mes amis, j’assistais l’oeil rond et l’air ébahi à une charge de cavalerie sans sommation de Voisin contre Urbain, à qui il reprocha notamment de sciemment savoir que ce chemin était en piètre état et de n’avoir rien fait pour anticiper cette situation. Vous allez me dire : « Pourquoi diantre affubler ce pauvre hère d’un tel qualificatif de Fourbe et Cruel Détestable alors qu’il roule pour ta pomme ? », ce à quoi je vous réponds qu’outre ce tutoiement totalement déplacé, Voisin ne prêchait en réalité que pour sa paroisse : son message était « Vous n’auriez pas dû accorder ce permis de construire, ce qui nous aurait arrangé étant donné que nous ne voulions personne en face de chez nous5 » là où vous, Urbain et moi (avant que je me rende compte de la réalité des choses) avons tous compris : « ce jeune couple aurait mérité un peu plus de considération dans le traitement de son dossier et l’on eut pu en haut lieu anticiper leur besoin criant de consolidation de ce maudit chemin ». Heureusement pour nous, cette méprise quand aux véritables sentiments de Voisin à notre égard fit qu’au 15 mars, le chemin était refait.

Au moins avec ce chef de chantier, on sait à quoi s'attendre

Le 18 mars, me revoilà sur mon terrain en présence du TSCC, de l’IEU et d’un chien qui traînait dans le coin. Il faisait beau et il n’avait pas plu depuis une semaine. l’IEU, qui n’aura jamais moins mérité son qualificatif que ce jour-là même s’il le méritait quand même6 était même presque aimable, et tout le monde s’extasia sur la beauté de ce chemin refait à neuf. L’IEU fit soudain remarquer que par temps sec c’était quand même plus pratique de passer par l’autre côté du chemin, la partie qui n’avait pas été refaite et qui servait à l’agriculteur voisin pour accéder à son champ et qui déboule sur une petite route goudronnée. Cette même partie que le TSCC et l’IEU avaient écarté lors du premier rendez-vous pour un motif que je n’ai jamais très bien saisi. Ce qui me rassure, c’est qu’apparemment ce motif était tout aussi flou pour eux que pour moi, vu qu’ils ont changé d’avis avec un enthousiasme qui fit plaisir à voir. Nous tentâmes même d’aller voir au bout du chemin s’il était bien praticable, mais nous nous fîmes refouler par le chien qui montrait quelques signes d’agressivité dès que nous tentions de nous approcher de sa demeure, située au bout dudit chemin7.

Vous allez me dire : « Mais, mais… mais pourquoi ils t’ont fait refaire le chemin alors, vu qu’ils ne vont pas passer par là ? Du coup ils auraient pu commencer avant ?! ». Figurez-vous que j’ai eu la même interrogation, mais vu que je suis un Sage en devenir je me suis abstenu d’exprimer à haute voix ce doute afin d’éviter de passer aux yeux de mes interlocuteurs pour un crétin qui n’y connait rien.

l’IEU et le TSCC m’assurèrent que mon chantier était rouvert (et que repartait le délai de construction, youpi) et que celui-ci était prioritaire, d’autant que j’avais été super compréhensif et que je ne les avais pas engueulé alors qu’ils n’y étaient pour rien et que si tout le monde était comme moi leur travail serait bien plus cool. « On commence sous quinze jours, dès qu’il n’a pas plu pendant 3-4 jours on vient creuser ! ». Vous imaginez sans peine ma joie et mon visage radieux à l’énoncé de ces excellentes nouvelles qui marquaient la fin de mon calvaire pré-construction.

1 mois plus tard et après trois semaines sans pluie, il n’y a toujours pas eu un seul coup de pelleteuse sur notre terrain. :|

Suite : Albane étant plus douée que moi pour secouer les puces des gens, elle a rendu une visite de non-courtoisie au TSCC pour lui dire tout le bien qu’elle pensait de sa façon de gérer notre chantier. Celui-ci lui a assuré tout penaud que le chantier débuterait la semaine prochaine.


  1. Je n’ai pas réussi à trouver un calembour convenable mettant en scène Bob l’éponge ou même le hérisson de Spontex. Comme quoi le niveau de ce blog baisse drastiquement. 

  2. Je suis vulgaire mais pas grossier, vous en conviendrez. 

  3. Je vous précise tout de même que Raphaël se contrefout de cette histoire, c’est un effronté insouciant. 

  4. « Élément tout à fait négligeable » en Français. 

  5. C’est véridique, il me l’a dit. 

  6. J’ai bien conscience que niveau fluidité de lecture ce genre de phrase c’est pas top, mais c’est mon blog et vous n’avez qu’à aller essayer de déchiffrer un skyblog kikoo sms et vous conviendrez de concert avec moi que finalement, je suis assez lisible bien qu’un peu pédant dans mon style. 

  7. Alors que lorsqu’il se promenait sur mon terrain il était tout tranquille. Et je tiens à lui signaler que moi, je ne lui ai pas montré les dents en aboyant quand il a pénétré sur mon territoire. 

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La comptabilité, un mot difficile à écrire https://www.inoffensif.net/blog/la-comptabilite-un-mot-difficile-a-ecrire https://www.inoffensif.net/blog/la-comptabilite-un-mot-difficile-a-ecrire#comments Fri, 23 Apr 2010 09:40:53 +0000 http://www.driczone.net/blog/?p=448 Aaaah, la comptabilité. Rien qu’à écrire, c’est pénible. La comptabilité m’a toujours détesté, et je lui ai toujours bien rendu. A moins que ce soit l’inverse…

La compta à la maternelle

Pourtant lors de mes études j’ai eu affaire à cette matière. En BTS notamment1, et pendant les deux ans que dure la formation s’il vous plait. Bon je dois admettre que la prof n’avait probablement pas les capacités ni l’envie de nous faire aimer la compta, aussi ce sujet

Continue Reading]]> Aaaah, la comptabilité. Rien qu’à écrire, c’est pénible. La comptabilité m’a toujours détesté, et je lui ai toujours bien rendu. A moins que ce soit l’inverse…

La compta à la maternelle

Pourtant lors de mes études j’ai eu affaire à cette matière. En BTS notamment1, et pendant les deux ans que dure la formation s’il vous plait. Bon je dois admettre que la prof n’avait probablement pas les capacités ni l’envie de nous faire aimer la compta, aussi ce sujet m’a-t-il toujours laissé aussi froid qu’un cadavre de souris rapporté par mes chats sur le devant de ma porte. Je présume qu’avoir le super-pouvoir de comprendre la compta doit rapporter plus que celui d’ouvrir des noix avec les fesses par exemple2.

Et pourtant il a bien fallu que je m’y replonge, puisque par un fabuleux concours et enchaînement de circonstances que j’ai renoncé à comprendre je me suis retrouvé trésorier-adjoint de la crèche de Mini-moi (alors qu’à la base j’étais juste là un peu par hasard). Soyons honnêtes c’est pas de la vraie compta, c’est un truc simplifié mais ça reste quand même des chiffres dans des tableaux.

Donc me voilà bombardé trésorier-adjoint, et nous devons reprendre la trésorerie de la crèche là où la personne d’avant là laissée. C’est à dire en bordel avec trois mois de retard. Et quand on doit se taper la trésorerie d’une structure qui emploie 6 ou 7 personnes, on a vite la goutte de sueur qui coule le long du front. J’ai pu découvrir que la compta dans des conditions de ce genre prenait une toute autre dimension comme si tout à coup un rideau se déchirait devant moi, que des petits chiffres tombaient du ciel en se moquant de moi et qu’un gros livre de comptes rouge proclamait : « Tu vas galérer, misérable cloporte ! ».

Que voulez-vous répondre à un gros livre rouge qui parle ?..

En fait on a un peu l’impression d’être un mélange de Grissom des Experts et d’Indiana Jones. Il faut enquêter, retrouver des factures planquées partout, vérifier les indices, suivre les pistes, faire de l’archéologie archiviste, il y a des rebondissements, de fausses pistes, des pièges, ça a l’air follement amusant. J’ai même pensé trouver dans cet amalgame de factures et de justificatifs la seule vraie énigme scientifique sur Terre : qui de l’éléphant ou du rhinocéros est le plus balèze ? Je n’ai rien trouvé dans les chiffres, et pourtant on sait tous que la numérologie est un sujet sérieux qui donne des réponses sérieuses (et approuvées par le Serious Cat).

Je voulais donc adresser solennellement mes plus sincères encouragements à tous ceux dont c’est le métier et qui sont mandatés pour contrôler, vérifier, éplucher des comptes. Sauf qu’il me semble que ces gens-là sont payés eux pour faire ça, et probablement assez cher. Je me contenterai donc de leur indiquer qu’ils font un métier qui sent le caca de panda.


  1. Le BTS c’est comme le lycée finalement, ils n’ont pas pu s’empêcher de coller des matières inutiles dedans. Et autant au lycée ça se justifie, autant après non. 

  2. Avant qu’on me demande une démonstration, je ne sais pas le faire. De plus Albane m’interdit de montrer mes fesses à n’importe qui. 

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Comment gérer sa femme enceinte https://www.inoffensif.net/blog/comment-gerer-sa-femme-enceinte https://www.inoffensif.net/blog/comment-gerer-sa-femme-enceinte#comments Fri, 25 Sep 2009 10:26:27 +0000 http://www.driczone.net/blog/?p=360 Cette note mériterait d’être sous-titrée « Petit guide pratique à l’usage des futurs papas jeunes et dynamiques ».

La grossesse, une affaire qui concerne aussi les hommes

Quand on met en route un mini-soi, on est bien loin de se douter que le parcours du combattant ne va débuter après la naissance, mais qu’il commence en réalité bien avant :

Ne sous-estimez jamais la capacité de votre femme à manger dans des quantités gargantuesques. Pour peu que ses envies ne se limitent pas

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Cette note mériterait d’être sous-titrée « Petit guide pratique à l’usage des futurs papas jeunes et dynamiques ».

L'homme est comme la femme, excepté pour les poils

La grossesse, une affaire qui concerne aussi les hommes

Quand on met en route un mini-soi, on est bien loin de se douter que le parcours du combattant ne va débuter après la naissance, mais qu’il commence en réalité bien avant :

  • Ne sous-estimez jamais la capacité de votre femme à manger dans des quantités gargantuesques. Pour peu que ses envies ne se limitent pas aux fraises mais aillent lorgner vers le Mc Do ou la raclette (même en plein été…), sachez qu’elle va manger tellement qu’elle risque de blesser votre amour-propre de goinfre mâle, votre porte-monnaie et la balance de la salle de bain1. Tout ça pour tout régurgiter lors des premiers mois en plus, ce qui montre bien l’idiotie de ce comportement.
  • Faites une croix sur votre vie sexuelle épanouie. Parce que la libido d’une femme enceinte, c’est du grand n’importe quoi : elle peut passer d’une excitation exrême à une apathie totale en moins de 12 secondes, ce qui vous laisse en général juste le temps de vous exciter et de commencer à enlever vos vêtements2. De toute façon la liste des positions praticables se réduit à peau de chagrin au fur et à mesure de la grossesse. Notez bien que reporter la faute sur votre femme serait un comportement plutôt stupide et complètement suicidaire : il y a d’autres moyens de conserver une activité sexuelle et votre femme pourrait se montrer gentille dans ce domaine, et de plus c’est quand même vous qui l’avez mise enceinte, et elle ne se privera pas pour vous le rappeler tout le long de la grossesse3.

  • A partir de la première échographie (soit à environ 3 mois de grossesse), votre femme ainsi que toutes les personnes de sexe féminin de votre famille et belle-famille vont commencer à souffrir de l’étrange symptôme commun également aux joueurs de Sims : l’achat de fringues et d’accessoires « top choupinou » pour le futur rejeton. Là, c’est le moment d’affirmer votre logique implacable de mâle : on n’achète pas de fringues avant de savoir le sexe, c’est une règle4. Alors bien sûr ces dames vont vous rétorquer qu’il existe des fringues unisexe, surtout les bodies, les nainnains (là j’orthographie au pif) et d’autres trucs super mignons. C’est vrai, mais céder à ce moment-là de la grossesse serait une erreur, car tout ce qui sera acheté avant de connaître le sexe sera de toute façon acheté en double parce que « maintenant qu’on connait le sexe, on va vraiment pouvoir lui acheter des fringues, et celles qu’on a déjà elles sont pas super ». Donc freinez des quatres fers avant l’écho des 6 mois, car c’est celle-là qui vous dira si le mini-vous est un couillu ou une pisseuse (vous aurez noté le terme volontairement péjoratif employé par la gente masculine pour parler des bébés filles. Ca fait partie du délestage de pression abordé à la fin de cette note).

  • L’échographie, justement. Ce sont des grands moments que vous devriez éviter de rater, d’abord parce que pour une fois votre femme ne vous reprochera pas d’être devant la télé, ensuite parce qu’avant sa naissance ce seront les seuls moments où vous pourrez voir le mini-vous. De plus, vous serez traité d’être insensible si vous prétextez une compèt’ de poney pour ne pas y aller. En général il y a trois échographies, à 3, 5-6 et 7-8 mois (en gros).

    • A la première, on voit le bébé dans son intégralité. Il ressemble à un martien, il ne bouge presque pas, mais c’est quand même vachement bien et les plus sensibles d’entre vous ne devraient pas avoir de mal à verser une larme.
    • A la deuxième, on voit le sexe. On voit aussi les bras, les jambes, ses petits pieds et mains et avec un peu de chances on distingue son visage. Pour notre part le mini-moi était déjà trop gros pour qu’on puisse le voir en entier.
    • A la troisième, c’est nul. Le bébé est tellement gros qu’on ne distingue rien du tout, et vous ne verrez qu’une série de tâches noires et blanches. S’il y en a une que vous voulez zapper, c’est celle-là.
  • A un certain stade de la grossesse, votre femme va commencer à vous dire : « oh, il bouge ! ». Bien évidemment pendant un mois, vous serez strictement incapable de sentir quoi que ce soit, ce qui est assez frustrant5. En général vous commencerez à vraiment le sentir bouger au moment où le bébé va se mettre à savater les côtes de sa maman, ce qui ne manquera pas de vous attirer des remarques du genre :  « Ah ça t’amuse toi, on voit bien que c’est pas toi qui le porte ! ».

  • Vous allez bien sûr devoir investir dans tout un tas de matériel, meubles, habits, peut-être même voiture et maison pour accueillir la petite chose qui va devenir un(e) boulet(te) jusqu’à ce qu’il(elle) fuit le nid paternel à la fin de l’adolescence. J’ai la chance d’avoir une famille et belle-famille qui n’ont pas hésité à soutenir financièrement les investissements mobiliers que nous avons dû faire, mais sachez que tout le matériel de puériculture (un mot dont vous ne soupçonniez même pas l’existence avant de vous embarquer dans cette galère) est honteusement hors de prix. Après, si vous êtes comme moi une star du montage de meubles en kit, cette étape ne devrait vous poser aucun souci. Dans le cas contraire, bon courage.

  • On sait tous que les papas grossissent en même temps que les mamans. Si vous ne faites aucun effort vous n’échapperez pas à la règle, comme si notre corps partait en sucette genre :  » Ouais bah moi aussi je peux en faire autant ! ». En général il suffit de manger moins et plus lentement pour éviter le drame. En plus après la naissance, vous aurez la classe. Déjà qu’un papa avec un bébé c’est considéré viscéralement comme sexy par les femmes, ne gâchez pas tout en ayant l’air d’un bibendum michelin.

  • Vers la fin, votre femme sera arrêtée. Pour peu que vous habitiez dans un endroit un peu isolé, ou que ses amies ne puissent pas être souvent avec elles, elle ne va plus vous lâcher quand vous rentrerez. Ou alors elle va bougonner dès que vous ferez mine de vouloir faire une activité en solo. Soyez compréhensifs et passez du temps avec elle, mais n’hésitez pas à lui suggérer d’inviter ses copines ou sa famille, et surtout ne vous moquez pas de ses activités totalement inintéressantes à vos yeux telles que trier 20 vingt fois les affaires de bébé, faire du point de croix ou du tricot, devenir fan de « Amour, Gloire et Cheveux Super Bien Coiffés ». Il va de soi que si c’était vous qui étiez arrêtés ce serait jeux-vidéos, ordinateur,  dvd et que vous ne vous ennuyeriez pas, mais les femmes sont bizarrement faites. Méfiez-vous néanmoins de cette période, votre compagne aura tendance à vouloir bazarder tout un tas de trucs et vous imposera un rangement draconien. C’est généralement à ce moment que vous finissez par vous séparer des dernières affaires de célibataire que vous entreposiez nostalgiquement dans un coin. Dans tous les cas, c’est le moment de la grossesse qui est le plus pénible pour un mec. Vous n’avez plus de moment à vous, vous ne pouvez profiter ni de votre femme (je ne parlais pas QUE de la sexualité évidemment) ni de votre bébé, vous êtes impatients, votre compte en banque n’a jamais été autant en négatif, tout le monde autour de vous vous demande pour quand c’est , vous dit que vous allez en chier et que ça va vous changer la vie. Comme si ça n’était pas déjà le cas…

Pour la suite, et bien ça attendra une autre note puisque notre mini-boulet devrait pointer le bout de son nez sous 2 mois, donc j’en suis là. Encore une chose toutefois : trouvez un moyen de lâcher la pression, parce que votre femme n’a en général que vous sur qui se défouler, elle en a vraiment besoin et elle ne s’en prive généralement pas. Souriez et encaissez, encore quelques mois à tenir.


  1. Problème que j’ai brillamment résolu en n’ayant pas de balance dans la salle de bain. Seul le wii-fit peut faire une pesée dans notre chez-nous, et il le fait avec des petites animations moqueuses lorsqu’on est en surpoids. 

  2. Vous pouvez toujours tenter de gagner du temps en restant constamment à poil, mais ça ne changera pas grand chose. Et en plus en hiver, vous allez attraper la grippe des fesses. 

  3. Je n’ose vous dire que si jamais elle ne vous le reproche jamais vous devriez exiger un test de paternité, mais il se peut aussi que vous ayez tout simplement la femme la plus gentille au monde. 

  4. Bon évidemment si vous ne voulez pas savoir, mon conseil ne sert à rien. 

  5. Déjà que vous serez frustrés sexuellement, alors ça en plus… 

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Y a même pas de freins à disques sur la poussette https://www.inoffensif.net/blog/y-a-meme-pas-de-freins-a-disques-sur-la-poussette https://www.inoffensif.net/blog/y-a-meme-pas-de-freins-a-disques-sur-la-poussette#comments Sat, 13 Jun 2009 16:29:22 +0000 http://www.driczone.net/blog/?p=285 Une poussette rétro très classe

En me levant ce matin, j’ai constaté que depuis quelque temps certaines choses changeaient dans cette maison. D’abord je trouve qu’Albane prend du bide, et qui dit plus de volume dit moins de place pour moi dans le lit. Cette invasion de mon espace vital serait encore supportable s’il n’y avait pas le reste : dans toute la maison on commence à voir des peluches, des fringues qui sont tellement petites qu’il est clair

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Une poussette rétro très classe

En me levant ce matin, j’ai constaté que depuis quelque temps certaines choses changeaient dans cette maison. D’abord je trouve qu’Albane prend du bide, et qui dit plus de volume dit moins de place pour moi dans le lit. Cette invasion de mon espace vital serait encore supportable s’il n’y avait pas le reste : dans toute la maison on commence à voir des peluches, des fringues qui sont tellement petites qu’il est clair que ni Albane ni moi ne pouvons rentrer dedans, et enfin j’ai trouvé une sorte de petit kart à pousser, mais là encore c’est beaucoup trop petit pour l’un d’entre nous.

Intrigué et la tête dans le sac (je vous rappelle que je venais de me lever), j’ai donc décidé d’interroger Albane sur tout ce foutoir1. Et tout ce qu’elle a trouvé à me répondre, c’est lever les yeux au ciel, hausser des épaules et sortir un « pfff » méprisant.

C’est seulement quand j’ai commencé à rassembler toutes ces affaires dans le jardin en tas pour y mettre le feu qu’elle a daigné me donner des explications :

« – Mais arrête donc, t’es idiot ou quoi ?
– Quoi, tu crois que j’aurais du essayer de les vendre au lieu de les brûler ? lui répondis-je
– Mais c’est pour le bébé, couillon2 !
– Enfin c’est ridicule, il n’y a aucun bébé ici et moi vivant, il n’y en aura jam…
– Hum, j’ai un très bon souvenir d’une note sur ton blog qui parlait d’une échographie de mon bedon… Même que certains croyaient que ton montage d’alien était une vraie écho3 !
– C’était pas moi, c’était mon jumeau maléfique !
– Frangin n’est pas ton jumeau et il n’a rien à voir dans cette histoire !4
– Bon admettons, on va avoir un bébé. Mais quel est le rapport avec tous ces trucs ?
– Tu crois peut-être qu’on va le laisser tout nu, qu’on va le trimballer dans un sac plastique et qu’on lui filera nos boîtes de conserves pour jouer ?
– Quoi, tu veux dire qu’on va le garder une fois qu’il sera né ?! Mais c’était pas du tout prévu ça !
– C’est toi que je vais pas garder si tu continues…
– Pfff, la lose. Bon, et cet espèce de mélange de kart et de caddie de supermarché, ça sert à quoi ?
– C’est une poussette mon chéri. Ca sert à trimballer le mini-nous.
– Vraiment ? Voyons voir ça… Pas d’aileron, pas de moteur à réaction, aucun lance-missiles, même pas de télé ni de mini-bar… Ce truc n’a décidément aucun intérèt ! Bon, et ces fringues là… Mon dieu mais il5 aura l’air ridicule à son boulot avec ça !
– Oh regarde là-bas, un brin d’herbe qui danse le tango !
– C’est vrai ? Où ça ? »

Le temps que je comprenne que le brin d’herbe était parti aux toilettes, Albane avait disparu dans la maison avec les affaires de Mini-nous et les avait éparpillées partout.

Conclusion : une femme sera toujours plus tolérante avec son bordel qu’avec le vôtre messieurs. Et les brins d’herbe ne dansent pas le tango mais la salsa.


  1. Qu’il soit bien clair que ma tolérance au foutoir est très élevée, mais seulement quand c’est le mien. 

  2. En vrai Albane a des insultes moins variées mais tout aussi imagées. Peut-être qu’un jour je vous livrerai sa fameuse phrase tri-insultes. 

  3. Véridique. Ce qui prouve que je suis vraiment trop fort. 

  4. Pour respecter son intimité, mon frère s’appelle Frangin. Ça lui va bien mieux que son vrai prénom d’ailleurs. 

  5. Le mini-nous est au masculin, qu’il soit une fille, un mec ou un clone de Pascal Sevran miniature. 

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Le C15, la délinquance routière façon old school https://www.inoffensif.net/blog/le-c15-la-delinquance-routiere-facon-old-school https://www.inoffensif.net/blog/le-c15-la-delinquance-routiere-facon-old-school#comments Mon, 11 May 2009 10:35:53 +0000 http://www.driczone.net/blog/?p=281 Il est désormais bien connu que la violence, la drogue et tout ça gagnent de plus en plus les banlieues et les campagnes. Mais il est un autre phénomène en marge qui est devenu une réalité : les gangs touchent toutes les catégories de population.

J’en subis d’ailleurs régulièrement les désagréments dans ma campagne profonde avec les propriétaires de Citroën C15.

Oh ne riez pas. Ne souriez pas non plus. Quiconque a déjà eu affaire avec ces terroristes de la route opinera

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J’en subis d’ailleurs régulièrement les désagréments dans ma campagne profonde avec les propriétaires de Citroën C15.

Oh ne riez pas. Ne souriez pas non plus. Quiconque a déjà eu affaire avec ces terroristes de la route opinera gravement du chef à la lecture de l’affirmation suivante : « Citroën C15 devant toi, un ulcère te donnera ». Car le conducteur de C15 met un point d’honneur a emmerder son prochain, il serait prêt à tout pour pourrir un peu la vie des usagers de la route.

Tout d’abord, le C15 surgit sans prévenir : qu’il se jette sur la route au moment où vous arrivez, ou bien qu’il y soit déjà depuis 10 minutes, vous ne le verrez qu’au dernier moment. L’armée de l’air américaine a d’ailleurs fait des études très sérieuses sur le pouvoir de camouflage de ces utilitaires., et vous constaterez d’ailleurs que les formes carrées des bombardiers furtifs n’ont rien à envier au niveau design à celles des C15.

Le C15, ou la délinquance du vieux

Le C15, ou la délinquance du vieux

Le professeur Guy Jarniaud de l’Institut des Sciences de la Vie Courante a publié en 2006 un rapport complet sur les conditions d’apparition d’un C15 sur la route. En substance, il faut réunir les conditions suivantes :

– Être pressé.

– Être sur une route sur laquelle le dépassement est impossible.

– Être à la campagne, bien sûr1.

Il existe également des facteurs favorisant cette apparition, comme être aux heures de pointe (horaires de trajet boulot/maison) ou avoir une très forte envie d’aller aux toilettes.

Tout C15 qui se respecte est blanc. Toutefois il existe une catégorie de conducteurs qui tient à barioler son véhicule : les amateurs de rave-party, des gens qui ont souvent le cheveu long et gras. Inutile de dire qu’ils ne font pas partie du gang des C15 et qu’ils sont méprisés par l’ensemble de ses membres. Le C15 ayant un moteur poussif, il est rare que celui-ci soit au niveau des limitations de vitesse en vigueur, et de toute façn son conducteur roulera toujours au moins 10 à 20 km/h en dessous de cette limite. SAUF s’il vous est possible de le doubler, auquel cas il s’arrangera pour rester en tête quitte à faire fumer un peu le moteur.

Le conducteur du C15 est un homme d’âge mûr compris entre 50 et 120 ans. Le port du béret ou d’une casquette est fortement répandu. La moustache n’est en revanche pas un signe distinctif. Le conducteur ne veut se séparer de son utilitaire pour rien au monde : proposez-lui une Porsche, un 4×4 ou même un Berlingo (le remplaçant du C15) tout neuf, il n’en voudra pas. Le conducteur est parfois alcoolisé à l’outrance, mais ne comptez pas là-dessus pour qu’il se fasse retirer son permis un jour : un C15 est totalement invisible aux yeux des représentants de l’ordre.

A l’instar du maître et du chien, il est rare qu’un conducteur survive bien longtemps à la perte de son C15. Notez tout de même qu’il est improbable que cela arrive pendant qu’il sera devant vous : vous pouvez maîtriser des incantations démoniaques et maudire à tout va, le C15 n’aura jamais d’accident. Jamais. Sauf quand il sera seul sur la route éventuellement, mais c’est évidemment un cas que vous n’aurez jamais la chance de voir.

Toute la force des propriétaires de C15 est d’être juridiquement inattaquables : ils ne font pas d’excès de vitesse, ils connaissent les coins à radar par cœur de toute façon, ils ne suscitent aucune méfiance auprès des services de gendarmerie, douane ou cellule anti-terroriste, ils savent où, quand et comment ils atteindront leur potentiel maximal de pénibilité et enfin ils sont partout. J’ai récemment découvert que mon voisin était membre de ce gang rural, et pas moyen de saboter cet engin de malheur en douce car le voisin en question est équipé d’un chien de la taille d’un poney dressé à faire des steaks de tout intrus sur son territoire.

Citadins, ne venez plus me rabattre les oreilles avec vos  jeunes des banlieues, votre pollution ou vos embouteillages. Moi aussi j’ai des problèmes, alors lâchez-moi. Non mais.

Note : Ce véhicule a été utilisé par l’Etat Français qui n’a toujours pas reconnu ses torts depuis, on a ainsi pu voir des C15 aux couleurs de la gendarmerie, de la Poste et des pompiers.


  1. Encore que des cas de C15 en pleine agglomération aient été rapportés, mais il semble que ça relève plus du mythe urbain que de faits prouvés. 

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